Présidentielle, la santé dans les programmes #2

La prévention, un sujet fourre-tout pour les candidats

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Publié le 18/03/2022
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Santé environnementale, burn-out, pratique sportive… La prévention prend des formes multiples dans la bouche de tous les prétendants à l’Élysée, hissant les politiques de santé publique au premier plan. Quid des propositions ?

Crédit photo : Tartila - adobe stock.com

D’Éric Zemmour (Reconquête) à Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), en passant par Valérie Pécresse (Les Républicains) ou Anne Hidalgo (Parti socialiste) : tous estiment que la santé est globale. C’est-à-dire, comme le détaillait le Pr Philippe Juvin, en charge notamment de la santé dans l'équipe de la candidate LR, au Généraliste, « environnementale, sportive, mais aussi en rapport avec l’alimentation, le bien-être au travail… »

Chez Yannick Jadot (Europe-Écologie-Les Verts), c’est même l’idée directrice, comme l’expliquait au Généraliste sa conseillère santé Anne Souyris, également adjointe à la maire de Paris. « Changer le rapport à la qualité de vie, notamment dans le soin. Faire du suivi de patients, de la prévention, de la lutte contre la pollution de l’air, du sport santé ». Derrière toutes ces idées, qu’en est-il des propositions concrètes ?

Investir massivement pour la prévention

Le président sortant Emmanuel Macron (En Marche), qui n’a pas encore publié son programme santé, a cependant écrit au Français dans une lettre publiée le 3 mars qu’il opérerait « la révolution de la prévention ». Lors d’une conférence de presse jeudi 17 mars, le candidat-président a confirmé son souhait de renforcer les détections précoces de certaines pathologies, comme l’obésité, et les bilans de santé. Les autres candidats sont du même avis.

Éric Zemmour veut sensiblement augmenter le budget dédié à la prévention et tendre vers les 11 % des pays nordiques, contre 4 % en France actuellement. Marine Le Pen (Front national) mise elle sur les visites médicales scolaires qu’elle aimerait voir redevenir systématiques. Anne Hidalgo appelle de son côté à un grand plan dédié à la prévention et à la prise en charge des maladies chroniques (cancers, diabètes, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires).

Valérie Pécresse veut elle doubler les budgets de prévention et propose de décentraliser cette politique en la confiant aux départements, avec l’appui des régions et des maires. Mais aussi mieux former les médecins généralistes afin de faciliter la prise en charge des consultations de santé mentale.

Sa politique de prévention se concentrerait sur la santé des femmes (reconnaissance de l'endométriose comme une affection de longue durée, instauration d’un congé spécifique sur avis médical en cas de règles douloureuses et fixation de la TVA à 2,1 % sur les produits d'hygiène féminine), des enfants et de la santé mentale, avec l'instauration de consultations simultanées mère-enfant et la lutte contre les cancers pédiatriques. La présidente de la région Île-de-France prévoit un droit à un congé avec maintien du salaire pendant toute la durée de l’hospitalisation de l’enfant. Emmanuel Macron promet lui que la condition des femmes sera, à nouveau, la grande cause de son second quinquennat.

Du 100 % bio à la cantine scolaire

La candidate socialiste Anne Hidalgo veut également lutter contre la précarité alimentaire et ériger comme priorité une nourriture de qualité pour tous. La maire de Paris envisage d’interdire la publicité à destination des enfants sur les produits alimentaires néfastes pour la santé. Yannick Jadot, président, à la cantine scolaire les repas seront bio, locaux, à l’instar de ceux des administrations, universités, hôpitaux et prisons. Ce programme serait soutenu par un encadrement de la publicité alimentaire. Jean-Luc Mélenchon souhaite lui aussi du 100 % bio et local à la cantine avec une option végétarienne quotidienne. Il compte également interdire les additifs les plus controversés.

Fabien Roussel (Parti communiste français) ambitionne d’étendre à tous les établissements scolaires un repas à un euro, cuisiné à partir de produits bios et locaux et prévoit un fonds alimentaire national de dix milliards d’euros pour l’occasion. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) souhaite lui doubler le personnel en charge de la médecine scolaire et développer des circuits-courts dans l’alimentation ainsi que l’approvisionnement des cantines scolaires, tout en interdisant les perturbateurs endocriniens, à l'image de Yannick Jadot. 

Favoriser la pratique sportive

Emmanuel Macron aimerait que, dès la rentrée 2022, tous les enfants de 6 à 12 ans fassent 30 minutes de sport à l’école par jour. Yannick Jadot voit lui le sport comme l’un des éléments clés de sa politique de prévention et prévoit d’y allouer 3 milliards d’euros d’ici 2025. Cette somme servirait à assurer la prise en charge par la Sécurité sociale des premières consultations médico-sportives, à élargir le « Pass sport » à tous les jeunes jusqu’à 20 ans ou encore à garantir à chaque enfant l’accès à au moins une heure de sport chaque jour et au moins une demi-heure pour charque adulte. Il promet également de reconnaître l’obésité comme une affection de longue durée et de lutter contre la grossophobie.

Éric Zemmour souhaite lui aussi favoriser la pratique sportive, des jeunes notamment, en facilitant l’accès aux centres de loisirs. Fabien Roussel a lui comme idée une prise en charge de l’État de 50 % des coûts des licences des clubs sportifs sur critères sociaux.

Le burn-out comme maladie professionnelle

Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon propose de renforcer la médecine du travail. Le chef de file de La France Insoumise, ainsi qu’Anne Hidalgo et Yannick Jadot reconnaîtraient le burn-out comme maladie professionnelle une fois élus. Le candidat écologiste ajouterait également la dépression. Ce dernier veut aussi mieux prendre en charge les accidents du travail et encadrer plus encore les amplitudes horaires et le travail de nuit.

La candidate des Républicains Valérie Pécresse tient elle à créer un Institut national de la santé mentale, sur le modèle de l’Institut pour le cancer. Tandis que le président affirme qu’il faudra « travailler plus » dans les années à venir, Anne Hidalgo veut elle inciter les entreprises qui le souhaitent à avancer vers la réduction du temps de travail.

La question du cannabis en suspens

Yannick Jadot veut strictement encadrer la production et la vente du cannabis, dans le cadre d’une légalisation. Les taxes perçues par l’État seraient allouées aux politiques de santé et de prévention des drogues. Et, dans ce cadre, le médecin traitant jouerait un rôle essentiel dans la prise en charge des addictions, fait-il savoir dans son programme. L’insoumis Jean-Luc Mélenchon est lui aussi favorable à ce changement de stratégie pour lutter plus efficacement contre ces addictions. Valérie Pécresse souhaite à l’inverse pénaliser la consommation, à l’instar de Marine Le Pen.


Source : lequotidiendumedecin.fr