« Le salariat permet de consacrer tout son temps de travail à la médecine » : dans la campagne ariégeoise, deux jeunes généralistes assument leur choix

Publié le 09/03/2023
Le Dr Béranger Irondelle en visite

Le Dr Béranger Irondelle en visite
Crédit photo : AFP

Ces jeunes médecins ont préféré la campagne à la ville, le salariat au libéral et se sont installés à Sainte-Croix-Volvestre, village d'Ariège au pied des Pyrénées, dans l'un des nouveaux centres de santé visant à faire reculer les déserts médicaux.

« Qu'il y ait un médecin près, c'est commode ! », lance souriante Odette Fiadens, 93 ans, qui serre affectueusement la main du généraliste assis à ses côtés, devant le fourneau de sa cuisine. Son « ancien docteur est parti à la retraite », sa fille vit à Toulouse, à près d'une heure en voiture, et « il n'y a personne » à Fabas, son village, pour la conduire. Alors elle est heureuse que des généralistes viennent chez elle depuis le centre de santé, ouvert l'été dernier à une dizaine de kilomètres.

Se libérer de l'administratif et de la comptabilité 

Les Drs Nicolas Vojinovitch et Béranger Irondelle, médecins généralistes formés à Toulouse, se sont connus pendant leur internat en Ariège. Ayant grandi à la campagne, l'un dans le Lot-et-Garonne, l'autre en Corrèze, ils rêvaient de retrouver cet environnement au sein d'une structure dont ils seraient salariés.

Après deux ans au CHU de Toulouse, le Dr Vojinovitch, 34 ans, voulait exercer en milieu rural où « il y a une vraie médecine de famille ». Pour lui en outre, « le salariat permet de consacrer tout son temps de travail à la médecine, de se libérer des tâches administratives, de comptabilité, de gestion ». « Quand on est en ville, il y a plus une tendance de consommation de soins, de médicaments (...), moins d'urgences puisqu'il y a un service pour ça. À la campagne, c'est beaucoup plus diversifié, donc pour moi plus intéressant », ajoute le Dr Irondelle, son confrère 33 ans. Lorsqu'ils ont entendu parler du projet de Sainte-Croix-Volvestre, village de 650 habitants qui ne disposait plus de praticien à moins de 20 km, ils n'ont pas hésité.

La région Occitanie à l'offensive 

« Le seul médecin que nous avions (...) a pris sa retraite en décembre » 2022, précise à l'AFP le maire Jean Doussain. Pour la pharmacienne, Hélène Pédeboscq, « la situation était assez catastrophique (...) On n'avait pas accès à un médecin pour un conseil, un avis » pendant plus de six mois.

La communauté de communes envisageait initialement d'ouvrir une maison médicale pour les quelque 2 000 patients du secteur. Mais encore fallait-il trouver des praticiens… « Un soir, se souvient le maire, nous avons reçu l'appel de ces deux médecins intéressés (...) D'abord, on s'est demandé si c'était un canular ! » 

Puis le projet s'est articulé avec le programme de la région Occitanie de lutte contre les déserts médicaux, visant à salarier 200 professionnels à moins de 15 mn des patients. « Tout s'est accéléré », se félicite Jean Doussain. Le centre de Sainte-Croix a été le premier à ouvrir en juillet, dans un préfabriqué de 180 m2, en attendant le futur bâtiment, qui doit être aménagé sur 300 m2 à l'horizon 2024. 

Salariés du GIP 

Un après-midi par semaine est consacré aux visites à domicile des patients. « Rencontrer les gens dans leur lieu de vie, c'est toujours très instructif parce qu'il y a ce qu'ils disent de leur état physique, mais aussi tout (...) ce qu'on peut comprendre en venant chez eux » et « un lien fort » s'établit, apprécie le Dr Irondelle.

Le reste du temps, outre les gardes, les médecins consultent de 8 h à 18 h ou de 9 h à 19 h au centre, où les a rejoints une généraliste spécialisée en gynécologie. Comme les deux secrétaires, ils sont salariés du Groupement d'intérêt public (GIP) associant région, collectivités locales et universités. Trois infirmières et trois kinés en libéral complètent l'équipe.

« Actuellement, il y a neuf centres de santé en Occitanie. On a pour projet d'en ouvrir dix autres d'ici fin 2023 », précise Floriane Normand, l'une des coordinatrices régionales du programme, admettant que certaines zones sont difficiles à pourvoir du fait du « manque de médecins au niveau national ».

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr