Graphique et délicate, toute de noir et blanc vêtue, Marisol Touraine est une femme élégante et… infatigable. Avec sept sites visités en deux jours en fin de semaine dernière, la ministre de la Santé n’a pas eu peur de jouer le jeu de la mobilisation. « Je ne suis pas du matin », avait-t-elle pourtant avoué au cours du voyage. Mais une fois sur le terrain, Marisol est là. Tout en restant sur son quant à soi, elle sait faire dans l’empathie : « Je suis moi aussi l’élue d’un département rural » (l’Indre-et-Loire, NDLR) embraye-t-elle face aux notables de Drôme et d’Ardèche.
Tout comme dans le Finistère et la Vienne où elle avait commencé sa croisade, elle sait qu’ici, plus qu’à Paris, son discours anti-déserts peut faire mouche. Mettre en place des pôles de santé de proximité, créer des liens entre médecine de ville et hôpital, garantir l’accès aux urgences en moins de trente minutes, comme l’avait promis François Hollande, autant de priorités qu’elle compte réaffirmer auprès des professionnels de santé et des élus locaux. « Il s’agit d’inventer le système de santé de demain, pas de regarder dans le rétroviseur », proclame-t-elle à l’hôpital local de Villeneuve-de-Berg (Ardèche) qui accueillera prochainement, au rez-de-chaussée, une maison de santé pluridisciplinaire.
Le même leitmotiv reviendra, à plusieurs reprises, rythmer le cours de ce jeudi 21 mars, journée marathon au cours de laquelle la ministre coupera au moins six ou sept rubans tricolores. Des actes symboliques, marqués par les applaudissements de la foule, qui se répéteront tant à Bourg-Saint-Andeol (Ardèche) – où l’hôpital intercommunal accueillera bientôt un EHPAD – qu’à Anneyron (Drôme) pour inaugurer les locaux de la nouvelle MSP.
Plus de forfaits et moins d’actes
Haro sur la coercition : « Ce n’est pas vrai qu’on a tout essayé », dit-elle. La ministre égrène, sans lassitude, les mesures lancées il y a trois mois, insistant sur leur mode d’emploi : elles ne devraient pas être reproduites en série mais « s’adapter à chaque territoire ». En commençant par les incitations financières. Les jeunes « praticiens territoriaux en médecine générale » qui souhaiteront s’installer dans les zones rurales pourront désormais compter sur un « filet de sécurité » de 4 600 euros mensuels, pendant deux ans, rappelle-t-elle. Plus de forfait et moins d’actes, c’est le credo de la ministre qui le confirme : le travail en équipe sera bientôt rémunéré en tant que tel. Claude Leicher, venu en voisin depuis son cabinet de la Drôme, opine : « La coordination c’est 25 % de notre travail ! » approuve-t-il… Reste que la confirmation ministérielle est bienvenue, car la mesure, prévue pour rentrer en application en septembre, n’a pas encore fait l’objet de négociations avec la Sécu…
Autre assurance réitérée : certaines maisons de santé pluridisciplinaires recevront bientôt un label de MSP universitaires « si elles répondent à certains critères ». Et même si la ministre ne le promet pas, on se dit qu’après tout, ce pourrait être le cas pour la MSP d’Anneyron située à environ une heure de route de Lyon… et de son université. Les jeunes dentistes en fin de formation qui l’ont rejointe habitent toujours dans la capitale des Gaules. Et une des trois généralistes locataires (les murs appartiennent à la communauté de communes), le Dr Christelle Fleury, est déjà maîtresse de stage. Enfin, si la permanence de soins paraît particulièrement ardue à organiser dans ces territoires désertifiés, Marisol Touraine propose de garantir l’accès aux urgences en nuit profonde grâce à la formation de nouveaux « médecins correspondants du SAMU ».
Changement de décor : en ville, à Valence, un nouveau centre de prévention, de dépistage et de vaccination accueillera les patients atteints de maladies chroniques. La prévention, Marisol Touraine en fait aussi une priorité. La voix moins assurée, le geste hésitant, presque embarrassé, la ministre reçoit en cadeau une toile peinte par une des patientes du centre – « Merci. Vraiment merci pour ce cadeau qui me touche » – dit-elle avant de reprendre son discours : « Je salue cette action volontariste de la ville de
Valence ». Applaudissements. Ce seront les derniers de cette journée, avant que la ministre ne paraphe, sous les regards impatients de son auditoire et une pluie de flashs, le livre d’or de l’établissement.
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