Où est donc passée la santé ? Lors de son discours à l’ouverture du Congrès de la médecine générale (CMGF), jeudi à Paris, Marisol Touraine, est revenue, devant un amphithéâtre bondé, sur les interrogations qui entouraient sa reconduction avenue de Ségur sous l’intitulé plutôt bref de « ministre des Affaires sociales ».
« J’ai le plaisir d’inaugurer ici mes presque nouvelles fonctions » a affirmé la ministre, dans un sourire, en soulignant qu’elle retrouvait des fonctions « strictement identiques aux précédentes ». Auparavant, le président de la Haute Autorité de santé, Jean-Luc Harousseau, avait donné le ton en évoquant « la ministre des Affaires sociales et, j’oserais dire, de la santé… ».
Marisol Touraine n’a pas donné plus de précisions quant à l’éventuelle nomination d’un secrétaire d’Etat à la Santé, par exemple. Mais un peu plus tôt sur iTélé, elle avait lâché qu’elle n’avait «pas d’opposition de principe» à la nomination d’un secrétaire d’Etat : «Il faut démultiplier nos forces pour répondre aux besoins du quotidien,» a-t-elle ajouté... « J’avais déjà engagé mes responsabilités en 2012 (année de sa première nomination, ndlr) en m’adressant aux médecins généralistes. Je veux y voir un signe », a-t-elle en revanche simplement déclaré en ouverture du Congrès, face à un parterre de plusieurs milliers de généralistes et de jeunes internes.
L’accès aux soins plus que jamais au centre de ses priorités
Va pour les prérogatives... Les priorités de Touraine, version 2 restent également les mêmes. À commencer par l’accès aux soins. « Le combat pour l’égalité face à la santé guide mes décisions », a-t-elle assuré. Les réformes de « Marisol Touraine 2 » s’articuleront donc autour de trois axes : la prévention, la revalorisation du premier recours pour faire face au vieillissement de la population et à l’essor des maladies chroniques et la « démocratie sanitaire ».
Mais la ministre compte, avant tout, continuer de « lever les obstacles financiers » par la lutte contre les dépassements d’honoraires. « Les résultats sont là, même si certains considèrent qu’ils ne sont pas encore suffisants ». Et de rappeler, la signature de l’avenant 8, la mise en place du contrat d’accès aux soins (CAS) ainsi que les revalorisations et les nouveaux forfaits qui ont bénéficié au secteur 1 en 2013.
Toujours sur l’amélioration de l’accès aux soins financiers, Marisol Touraine s’est montrée une nouvelle fois très décidée sur la généralisation du tiers payant : « je souhaite qu’elle soit achevée d’ici 2017 » a-t-elle rappelé. Une affirmation qui a suscité des réactions dubitatives de la part du public, qui a gentiment chahuté la ministre sur son projet. Pour renouer avec le parterre, la ministre a donc répété que « le dispositif doit être simple : il doit apporter la garantie d’un paiement sans délai et il doit concerner le régime obligatoire et complémentaire ». Mais, a-t-elle avoué, « la mise en place d’un tel dispositif sera tout sauf simple », même si le travail déjà engagé doit aboutir à une feuille de route « d’ici à l’été ».
Marisol Touraine est revenue également sur ses mesures destinée à faciliter l’accès aux soins géographiques. En évoquant des « inégalités territoriales de santé », la ministre a rappelé les principales mesures de son Pacte territoire santé dont les contrats d’engagement de service public (CESP). Objectif : 1 500 bourses souscrites d’ici à 2017. Mais aussi les praticiens territoriaux de médecine générale (PTMG), censés sécuriser, grâce à un revenu minimum garanti, l’installation. Cette mesure, qui a déjà bénéficié à 200 jeunes médecins généralistes, sera reconduite, l’année prochaine, pour 200 autres.
Le prochain chantier qui attend Marisol Touraine est celui de la rémunération du travail en équipe, pour l’heure limitée aux équipes des expérimentations de nouveaux modes de rémunération (ENMR) mais qui devrait, selon elle, « devenir la règle ». À ce propos, elle a redit que les négociations conventionnelles entre les syndicats de médecins et l’Assurance Maladie devraient aboutir « avant juillet », pour lui permettre, a-t-elle souligné de les budgéter dans le prochain PLFSS 2015.
Le DPC sera retouché
En réponse au président du Collège de la médecine générale, Pierre-Louis Druais, dont l’intervention a précédé celle de la ministre, Marisol Touraine a assuré que la recherche en soins primaires aurait toute sa place dans le cadre du PHRC dont elle a, d’ailleurs, proposé de changer le nom en « programme ambulatoire de recherche clinique en soins primaires ». Enfin, Marisol Touraine a annoncé qu’un rapport de l’Igas sur le DPC – très attendu par le président du Collège de la médecine générale qui réclame la qualité des formations et l’indépendance des acteurs – lui sera remis « dans les jours qui viennent ». Et elle a ajouté que, sur cette base, elle prendrait des mesures pour modifier le dispositif de DPC. Une évolution encore une fois réclamée par le président du Collège de la médecine générale.
Auparavant, le président du comité scientifique du Congrès, Serge Gilberg s’était livré à un plaidoyer pour une médecine générale de la polyvalence. A l’heure des débats sur la qualification en médecine générale, il a mis en garde sur le risque de « balkanisation » de la profession si trop de généralistes développaient des expertises particulières. Et à la veille de l’arrivée des nouveaux médicaments du sevrage alcoolique, il a appelé les pouvoirs publics à tourner le dos à une évolution vers des prescriptions réservées qui exclueraient les généralistes.
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