Fumeurs de plus de 60 ans

Le sevrage tabagique reste bénéfique

Publié le 21/02/2013
Article réservé aux abonnés

LES CAMPAGNES de prévention et lutte contre le tabagisme ne ciblent pas les sujets âgés. D’autant que la proportion de fumeurs diminue avec l’âge (arrêt, surmortalité…). Sans compter que plus on arrête tôt plus le bénéfice est important, celui-ci augmentant avec l’ancienneté du sevrage. Néanmoins, « à tout âge, l’arrêt du tabac reste favorable, y compris chez le sujet âgé. C’est ce qu’est venu confirmer une récente méta-analyse centrée sur les plus de 60 ans » explique le Pr Daniel Thomas (Paris). Ses résultats montrent en effet que le sevrage tabagique reste largement bénéfique chez les seniors. « Il est associé à une réduction relative d’un quart de la mortalité totale. La réduction relative de mortalité est retrouvée dans toutes les tranches d’âge : 21 % pour les 60-69 ans, 27 % pour les 70-79 ans et 24 % pour les plus de 80 ans. »

Déjà, l’étude menée sur les médecins britanniques avait mis en évidence que ceux ayant arrêté vers 40 ans retrouvaient une espérance de vie comparable à ceux n’ayant jamais fumé. Dans cette même population, « l’espérance de vie de ceux ayant arrêté vers 60 ans, si elle ne rejoignait pas celle des non-fumeurs, était bien meilleure que celle de ceux ayant continué à fumer », complète-t-il.

Les études de prévention secondaire cardiovasculaire, dans lesquelles les sujets âgés sont bien représentés, attestent aussi de ce bénéfice. Tous âges confondus, les ex-fumeurs ont une mortalité totale réduite de 36 % et un risque coronaire réduit de 32 % par rapport aux fumeurs. Le tabagisme est en effet un facteur de risque essentiel d’infarctus. On le retrouve d’ailleurs souvent de manière isolée lors d’infarctus des sujets jeunes. Dans les infarctus survenant avant 50 ans, il est présent dans 70-80 % des cas. Et ceci chez les femmes comme chez les hommes. C’est pourquoi, « même si la responsabilité du tabac dans la mortalité diminue avec l’âge, notamment en raison de la dilution par d’autres facteurs de risque et de la surmortalité précoce des fumeurs, le sevrage tabagique est toujours favorable, insiste le Pr Thomas. D’autant qu’à l’arrêt, le risque cardiovasculaire est très rapidement réduit, contrairement à celui de bronchopathie et de cancers. »

Le monoxyde de carbone dans le sang, qui grève la capacité de transport en oxygène, disparaît en 24 heures Et au bout de 15 jours, temps correspondant au renouvellement des plaquettes, la suragrégation plaquettaire est corrigée. Enfin, il n’y a pas de différence entre les taux de succès et d’échecs du sevrage à 1 an entre les plus de 60 ans et les moins de 60 ans.

› P.S.

D’après l’intervention du Pr Daniel Thomas - Faut-il arrêter le tabac quand l’on est très âgé ? Meet the expert, JESFC 18 janvier.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9220