Programme d’aide au sevrage

Un début à l’hôpital, un relais en ville

Publié le 25/11/2011
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L’HOSPITALISATION offre une excellente opportunité pour débuter un sevrage tabagique. Comme le rappelle le Dr Nancy Rigotti, les patients hospitalisés ne peuvent pas fumer et donc doivent stopper, au moins temporairement, ce qui leur permet d’expérimenter des journées sans tabac. En outre, le fait d’être atteint d’une maladie, en particulier s’il s’agit d’une maladie cardio-vasculaire ou respiratoire, constitue souvent une bonne motivation pour modifier ses habitudes de vie. « C’est sur la base de ces arguments que nous avons expérimenté dans notre hôpital des programmes d’aide au sevrage, combinant information des patients et, si besoin, prescription d’un traitement médicamenteux. Nous avons pu montrer qu’en associant des conseils au lit du malade et un traitement, il est possible d’accroître le taux de succès à court terme. Mais bien sûr, l’objectif est que les patients restent non-fumeurs à long terme, ce qui implique des structures relais une fois le patient sorti de l’hôpital ».

Au Massachusetts General Hospital, qui offre 900 lits, les fumeurs sont identifiés dès leur arrivée grâce à une carte-patient électronique. Une brochure d’information sur le sevrage tabagique est alors mise à disposition de chaque patient fumeur dans sa chambre.

Les médecins et infirmières de chaque service interviennent auprès de ces patients pour les inciter à cesser de fumer, et évaluent la dépendance et les éventuels signes de manque. « Le but premier est de préserver le confort du patient hospitalisé, ce qui peut passer par la délivrance de substituts nicotiniques », précise le Dr Rigotti. Un conseiller rencontre le patient pour l’orienter, après sa sortie de l’hôpital, vers une prise en charge adaptée.

Des études antérieures ont démontré l’efficacité d’un programme de sevrage initié au cours d’une hospitalisation, et fondé notamment sur une séance de conseils au lit du malade et de conseils prodigués par téléphone durant 3 semaines après la sortie de l’hôpital. Mais l’efficacité, significative à court terme, ne permettait pas d’accroître le taux d’abstinence à long terme comparativement à l’absence de programme. « Il faut donc un suivi de plus longue durée, et c’est ce que nous proposons désormais grâce à un système interactif de réponse vocale (en anglais IVR pour interactive voice response) ». En pratique, après leur sortie de l’hôpital, les patients sont appelés de façon systématique par l’ordinateur, ce qui permet en quelques questions téléphoniques automatisées de reconnaître ceux ayant besoin d’une aide spécifique. Ils sont alors adressés à leur médecin traitant.

« Nous testons aussi l’efficacité de la délivrance gratuite de substituts nicotiniques pour 3 mois et si l’intérêt de cette démarche est confirmé, nous espérons à terme convaincre les assurances santé de prendre en charge ces substituts. Un essai randomisé incluant 300 patients suivis pendant 6 mois après la sortie de l’hôpital est en cours. L’idée générale est de mettre en place des programmes efficaces et économiquement viables, en fonction d’un environnement donné, du système de santé existant. Par exemple, pour des raisons budgétaires, nous formons actuellement des travailleurs sociaux à la fonction de conseiller. Il faut tester, s’adapter, persévérer : d’immenses progrès ont déjà été réalisés depuis 25 ans en matière de lutte contre le tabac », conclut le Dr Nancy Rigotti.

D’après un entretien avec le Dr Nancy Rigotti, directrice du « Tobacco Research and Treatment Center », Massachusetts General Hospital, Harvard, États-Unis.

 Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9048