Allergie, ça sent le sapin

Si les larmes vous viennent aux yeux chaque Noël, ce n’est peut-être pas seulement la joie d’être en famille. Vous pourriez aussi être victime du « syndrome de l’arbre de Noël », une pathologie que la sérieuse « Christmas tree association », une association à but non lucratif américaine, détaille sur une page de son site.

Il faut dire que les médias grand public anglo-saxons (dans le « Telegraph » et le « Mirror ») rapportent chaque année des cas de personnes qui présentent tous les signes d’un rhume des foins en plein mois de décembre [2] [3].

Il a fallu attendre 2011, avec la publication d’un article par l'équipe du Dr Lawrence Kurlandsky (New York, Etats-Unis) dans les « Annals of Allergy, Asthma and Immunology », pour en savoir plus sur cette affection saisonnière. Ces chercheurs ont analysé 28 sapins afin de détecter d’éventuelles traces de polluants ou des moisissures qui pourraient expliquer la symptomatologie.

Prolifération des moisissures

Au cours de leur croissance en plein air, les arbres de Noël sont colonisés – comme tous les arbres – par des moisissures : 53 espèces différentes dans le cas des sapins étudiés. Une fois installées dans les conditions de chauffage et d’humidité d’un intérieur festif, les moisissures se développent. Le Dr Kurlandsky a constaté que le nombre de spores dans l’air passait de 800 à 5 000 par mètre cube au cours des vacances de Noël.

Comme l’explique le Dr Nhan Pham-Thi (chef du service d’allergologie à l’Institut Pasteur de Paris) au Quotidien,

« Le syndrome de l’arbre de Noël existe vraiment : il associe des signes respiratoires (rhinite, toux, essoufflement, congestion des sinus) à des symptômes ophtalmologiques (conjonctivite, yeux irrités, larmoiement) et des signes généraux (asthénie, douleurs thoraciques, troubles du sommeil). Des bronchites et pneumonies ont aussi été rapportées.
Généralement, ces symptômes sont en lien avec la multiplication des moisissures sur les sapins, mais ils peuvent aussi être en rapport avec des produits de conservation aspergés sur les arbres, voire avec la neige artificielle qui couvre certains sapins. »

Alors comment éviter de pleurer à Noël tout en ouvrant les cadeaux au pied de l’arbre ?

« En bannissant les sapins naturels en cas de sensibilité respiratoire dans la famille, d'asthme, d'allergie aux moisissures, aux pollens de Pinaceae ou d'eczéma sévère, et d’allergies aux résines. Si cette mesure parait trop sévère, il est possible de proposer de laver le sapin à l’extérieur du domicile à grande eau.
Puis de le faire sécher toujours en extérieur avant de le placer à un endroit où les personnes sensibles ne seront pas exposées directement. Il y a aussi les arbres artificiels, mais ils font rarement l’unanimité… »

[1] Kurlandsky L, Prezpiora J, Riddell S et coll. Identification of mold on seasonal indoor coniferous trees. Annals of Allergy, Asthma & Immunology. Volume 106, Issue 6, June 2011, Pages 543–544

Voir notre dossier « Pathologie de Noël »