Fondation Lalla Salma

Le bel exemple marocain

Publié le 10/12/2015
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Mis en place en 2010, le Plan cancer marocain a été établi avec l’objectif de mieux maîtriser et rationaliser le parcours de soins des patients : de la prévention du cancer aux soins palliatifs, en passant par les soins thérapeutiques, la formation des professionnels de santé et la communication auprès de la population.

Ce plan de grande envergure, mis en place pour la période 2010-2019, a été créé, au Maroc, dans un contexte particulier : mortalité élevée liée au cancer, importantes inégalités d’accès aux soins selon le niveau social, freins économiques à la prise en charge, sous-équipement très important des centres de référence du cancer et de centres régionaux, et difficultés d’accès aux molécules (notamment de chimiothérapie) pour l’ensemble de la population. « Par ailleurs, l’une des spécificités de ce plan est qu’il a été voulu et soutenu par la princesse Lalla Salma. En amont du plan, son altesse royale a d’abord créé la Fondation Salla Salma (en 2005) qui a permis de recueillir de l’argent en faveur de la lutte contre le cancer. Cette masse financière importante a permis aux établissements de soins des grandes villes marocaines de se lancer dans des programmes d’équipements spectaculaires », souligne le Pr Franck Chauvin, oncologue, professeur de santé publique à Saint-Étienne, président de la Commission spécialisée évaluation, stratégie et prospective (CSESP) au Haut Conseil de la santé publique.

Une nouvelle approche du cancer

Pour structurer cette importante démarche entreprise par la Fondation Salla Salma, le Maroc s’est doté, cinq ans plus tard, du Plan national de prévention et de contrôle du cancer. Ce plan, mis en œuvre par la Fondation Salla Salma et le ministère de la Santé du Maroc, se décline en 78 mesures. Il préconise de nouvelles approches de prévention du cancer, de dépistage précoce, de traitement, de soins palliatifs et de mesures d’accompagnement social.

Prévu sur 10 ans (jusqu’à la fin de l’année 2019), il a récemment fait l’objet d’un bilan à mi-parcours. « Certains axes du Plan cancer ont beaucoup avancé depuis 2010. C’est le cas, par exemple, de la détection précoce des cancers du sein et du col de l’utérus. Pour la favoriser, le Maroc bénéficie désormais d’un maillage complet du territoire, avec des centres de niveau 2 et 3 dotés d’une belle organisation. En outre, l’ensemble de la population a aujourd’hui accès gratuitement à cette détection précoce. Une communication importante a, par ailleurs, été menée auprès de la population pour changer le regard porté sur le cancer. Quant aux campagnes de prévention du tabagisme et de vaccination (HPV, par exemple), elles commencent à porter leurs fruits », indique le Pr Chauvin.

Autres grandes avancées : la prise en charge du cancer et l’accès aux médicaments. Les centres de référence du cancer des grandes villes (Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech) sont désormais dotés d’équipements de standards internationaux de grande qualité. Et la population marocaine a accès aux molécules de chimiothérapie (pratiquement inexistantes, il y a 5 ans). « En revanche, concernant les soins palliatifs, il n’existe pas encore de plan généralisé à l’ensemble du territoire. De même, des progrès importants restent à faire pour faire évoluer les comportements en matière d’alimentation et d’activité physique sur le long terme », conclut le Pr Chauvin.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9457