Oncologie

Repenser la prise en charge des cancers chez les patients âgés

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Publié le 09/04/2021

Alors que le gouvernement a lancé début février la stratégie décennale de lutte contre les cancers, le groupe d’experts « Priorités Âge Cancer », soutenu par la Société francophone d’onco-gériatrie et la Société française de gériatrie et gérontologie, a émis des propositions pour la prise en charge spécifique des sujets âgés. L’approche avancée se veut personnalisée pour améliorer le pronostic et la qualité de vie.

Au centre de ce dispositif, des infirmiers pilotes formés collectent l’information auprès des patients

Au centre de ce dispositif, des infirmiers pilotes formés collectent l’information auprès des patients
Crédit photo : Phanie

L’enjeu de la prise en charge des cancers chez les patients âgés est à relever rapidement face au vieillissement de la population. « L’idée est de centrer la prise en charge non plus sur la seule pathologie cancéreuse mais sur le patient dans sa globalité en y intégrant les différentes comorbidités et les fragilités liées au vieillissement », précise le Pr Pierre Soubeyran, oncologue médical à l’institut Bergonié (Bordeaux) et président de la Société francophone d’onco-gériatrie (SOFOG).

Repenser la prise en charge des cancers chez les patients âgés est un véritable défi pour le système de santé français. Il s’agit de proposer des dispositifs innovants, pertinents et performants pour optimiser le parcours de soins des patients âgés atteints de cancer. « Plus la population va vieillir, plus on va tendre vers un risque de l’inattendu avec de multiples maladies et complications qui vont toucher les seniors dans un environnement parfois fragile », poursuit l’oncologue bordelais.

Coopération entre professionnels

Les propositions formulées par le groupe d’experts « Priorités Âge Cancer » s’articulent autour de trois axes dont « les grands principes ont été inclus dans la stratégie décennale de lutte contre les cancers (2021-2030) sans toutefois cibler la personne âgée comme un enjeu de santé publique », souligne le Pr Soubeyran.

Reconsidérer la coopération des professionnels de santé impliqués dans le parcours de soins avec des actions davantage centrées sur le patient est également apparu comme une priorité. Une proposition qui passe par une meilleure coordination des soins avec repérage accru de la fragilité des patients par des outils comme le score G8. Elle cible aussi le développement des métiers de coordination du parcours de soins. Au centre de ce dispositif, des infirmiers pilotes formés collectent l’information auprès des patients via des outils innovants (plateformes numériques) et la font vivre auprès des professionnels de santé. À cela s’ajoutent le renforcement du lien ville-hôpital et l’intégration des pharmaciens à ce réseau pour une meilleure observance thérapeutique.

Construire un parcours de vie adapté

Le deuxième axe est décliné autour du parcours de soins, dénommé « parcours de vie », qui doit être mieux adapté́ aux patients âgés. L’implication des patients est indispensable pour que la décision soit partagée. D’où l’importance de développer l’éducation thérapeutique. Le groupe d’experts va même plus loin en souhaitant promouvoir la création de postes de patients-experts pour accompagner patients et médecins, notamment en préparation de la consultation. Les aidants pourraient aussi se voir attribuer un rôle plus « officiel » dans ce parcours de vie afin de faciliter le maintien à domicile. Le troisième axe concerne les politiques de prévention qui nécessitent d’être réactualisées.

Des expériences locales ont déjà été menées dans diverses unités de coordination onco-gériatriques (UCOG), notamment en Aquitaine et dans la région PACA Est (cf. encadré). Les propositions des axes 1 et 2 ont été intégrées dans un projet européen pour les tester, s’assurer de leur faisabilité et évaluer les bénéfices pour les patients, en termes de qualité de vie, mais aussi pour le système de santé, en termes de coûts et d’impact sur l’organisation du système de soins. Ce projet d’une durée de cinq ans, dirigé par le Pr Soubeyran, devait débuter le 1er avril 2021.

Dr Isabelle Stroebel
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Source : Le Quotidien du médecin