La graine de lin est une oléagineuse qui comporte une enveloppe, une partie centrale (l’amande) très riche en lipides dont 65 à 75 % d’oméga-3, et un germe. Composée de 8 % d’eau, de 40 % de lipides, de 20 % de protéines et de 30 % de glucides, elle contient également des fibres solubles, mucilages et gommes de nature polysaccharidique. « Ces fibres alimentaires gonflent dans l’eau : elles ont ainsi des propriétés viscosantes, épaississantes, émollientes, antidiarrhéiques, mais aussi laxatives et diurétiques », explique le Dr Bernard Schmitt, endocrinologue et diabétologue, expert à l’Anses, coprésident de l’association Bleu-blanc-cœur.
L’enveloppe, extrêmement résistante, empêche de consommer les graines telles quelles. Il faut auparavant les broyer, par exemple dans un moulin à café, ou les extruder. Comme beaucoup de végétaux, le lin contient également des facteurs antinutritionnels, les glycosides cyanogènes. Ils peuvent être responsables de légers troubles digestifs s’ils sont consommés en très grande quantité. Normalement bien tolérés en usage courant, ils sont cependant détruits par la chaleur.
Enrichir l’alimentation animale pour mieux nourrir l’humain
« Les études menées par Bleu-Blanc-Cœur montrent qu’un enrichissement de l’alimentation des animaux en oméga-3, via la graine de lin, double la teneur en oméga-3 des produits (viande, lait, beurre, œufs), explique le spécialiste. Nous avons également montré que les personnes consommant régulièrement ces produits doublent leur taux d’oméga-3 dans le sang circulant et dans les parois cellulaires » (1, 2).
Tous les phyto-œstrogènes ne se valent pas
La graine de lin est également la source naturelle la plus riche en phyto-œstrogènes, les lignanes (secoisolariciresinol diglucoside ou SDG et matairesinol). « Situés dans le tégument, ils sont transformés dans l’intestin en entérolignanes (entérodiol et entérolactone) antioxydants, à la fois œstrogéniques et anti-œstrogéniques », explique le Dr Schmitt. Ils peuvent être utilisés dans la prévention des maladies cardiovasculaires, de certains cancers, de pathologies hormonodépendantes et des effets secondaires de la ménopause. « En 2006, des études américaine (WHI) et anglaise (MWS) ont relevé un risque relatif de cancer du sein important (+ 20 %) avec le traitement hormonal substitutif [THS] de la ménopause, entraînant un large abandon de celui-ci. De nombreuses femmes se sont alors rabattues sur les phyto-œstrogènes du soja, les isoflavones », relate le Dr Schmitt. Par la suite, l’étude E3N a montré que ce risque n’est pas du tout le même en fonction des œstrogènes utilisés. Si le 17-β-estradiol et les isoflavones du soja entraînent une augmentation du risque relatif de cancer du sein de 20 % par rapport à une population non traitée, les lignanes, à l’inverse, engendrent une diminution de 20 % de ce risque (3). « Les lignanes se comportent comme des modulateurs sélectifs des récepteurs des œstrogènes. La graine de lin pourrait donc jouer un rôle adjuvant intéressant en prévention du cancer du sein. C’est aussi un très bon traitement (bien toléré et sans risque) des troubles de la ménopause », assure le Dr Schmitt.
Entretien avec le Dr Bernard Schmitt
(1) Jacquot H et al. Cah Nut Diét. 2013;48(S1):S62
(2) Weill P et al. Ann Nutr Metab. 2002;46(5):182-91
(3) Touillaud MS et al. J Natl Cancer Inst. 2007 Mar 21;99(6):475-86
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