Une petite uricémie

Un facteur protecteur contre l’HTA et le diabète

Publié le 11/06/2012
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L’ORIGINALITÉ DE l’étude israélienne présentée par A. Leiba (Tel Hashomer, Israël) est d’avoir suivi des sujets ayant une uricémie considérée « normale ». Elle a comparé 113 097 patients (âgés de 40 à 70 ans) qui avaient une concentration sanguine d’acide urique comprise entre 31 et 68 mg/l, donc dans les limites de la normale, à 9 156 sujets, majoritairement des femmes, qui avaient une uricémie basse (≤ 30 mg/l) sur dix années de suivi (2002-2012). Les patients qui en 2002 présentaient un diabète, une hypertension, une maladie cardio-vasculaire, rénale ou cérébrovasculaire, ainsi que ceux qui prenaient des diurétiques, des médicaments pour le cœur, de l’aspirine, du probénécide ou de l’allopurinol étaient exclus.

Dans le groupe uricémie basse, l’indice de masse corporelle (IMC) était plus élevé (29,1 contre 28,6 kg/m²), la concentration de LDL plus basse (1,202 g/l contre 1,296 g/l), la glycémie plus faible (0,848 g/l contre 0,885 g/l), le pourcentage de fumeurs moins important (30,8 % contre 35,1 %) et la concentration de HDL plus élevée (0,569  g/l contre 0,509 g/l). Après 10 ans de suivi, une analyse de régression logistique prenant en compte les éventuels autres facteurs de risque cardio-vasculaires associés a permis de constater une augmentation de 53 % du risque d’avoir une hypertension artérielle (RR = 1,53 ; p ‹ 0,001) et de plus de 80 % du risque d’apparition d’un diabète (HR = 1,84 ; p ‹ 0,001) ou d’une maladie rénale (HR = 1,93 ; p = 0,055) chez les sujets sains qui avaient une uricémie proche de la limite supérieure de la normale sns pour autant avoir ni calculs rénaux, ni de tophus goutteux, comparativement aux sujets qui avaient une uricémie basse.

En conclusion, une uricémie basse semble avoir un effet protecteur contre le développement d’une hypertension, d’un diabète et peut-être d’une insuffisance rénale par rapport à une uricémie normale. L’acide urique est probablement une cause de maladie cardio-vasculaire. Cette étude est intéressante car son effectif est important et la période de suivi longue. S’il n’est pas question de donner un traitement hypouricémiant à des personnes qui ont un taux d’acide urique normal, on peut légitimement s’interroger sur l’intérêt d’un régime diététique qui permettrait d’abaisser un peu l’uricémie lorsqu’elle s’approche de la limite supérieure.

Leiba A, Dinour D, Shani M et coll. Healthy subjects with low uric acid levels followed up for 10 years have a decreased incidence of diabetes and hypertension. J Hypertension 2012;30 (e-Supplement A): e50. Abstract LB01.09.

C. F.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9139