La restriction alimentaire qui caractérise l’anorexie mentale est à l’origine de carences nutritionnelles et de troubles hormonaux. Ces carences concernent notamment les vitamines A, B, C et K, les oligo-éléments, tels que le zinc et le fer, et les protides et entraînent des dermatoses carentielles :
– pâleur, glossite et sécheresse cutanée due à la carence en fer ;
– eczéma craquelé, dermite croûteuse des plis et péri-orificielle secondaire à la carence en zinc ;
– glossite liée à la carence en vitamine B 12 et vitamine PP, acrosyndrome, sécheresse cutanée et eczéma craquelé par déficit en vitamine PP, et glossite, déchaussement dentaire, kératose folliculaire et purpura ecchymotique par déficit en vitamine C.
Les troubles hormonaux (hypothyroïdie, hypercorticisme) sont eux aussi à l’origine de manifestations cutanées, en particulier une peau sèche et froide, un lanugo, une perte des cheveux et une coloration orangée de la paume des mains par baisse de la conversion du carotène en vitamine A.
L’alopécie secondaire à l’hypothyroïdie est diffuse, prédominant au niveau frontal, la tige pilaire est opaque et fragile et les cheveux sont fins, secs et ternes. Les poils pubiens et axillaires peuvent aussi être clairsemés.
Le laguno, appellation du fin duvet sur la face externe des jours, le dos, et les membres supérieurs se rencontre plutôt dans les formes chroniques.
Les ongles peuvent également être atteints secondairement aux diverses carences. Ils sont fragilisés, avec une onychoschizie lamellaire et une koïlonychie traduisant une carence en fer, une onychorrhexie et une tachyonychie témoigne d’une dénutrition. Le bombement en verre de montre s’observe en cas de purges répétées. Une onychophagie est une comorbidité fréquente.
Les vomissements provoqués répétés peuvent de leur côté entraîner certains signes, comme des ulcérations et surtout des callosités du dos des mains (signe de Russel), qui est pathognomonique.
Il y a ainsi dans certains cas une « main anorexique », très évocatrice du diagnostic, qui associe le signe de Russel, une atrophie du tissu sous-cutané, une xérose, une acrocyanose, des excoriations et une dystrophie unguéale.
Autre conséquence des régurgitations liquides et des irritations traumatiques : des érosions dentaires surtout au niveau des incisives supérieures et des surfaces occlusales des molaires. Les vomissements provoqués peuvent aussi entraîner des hémorragies conjonctivales et des pétéchies orbitaires.
Enfin, certains signes plus rares peuvent être liés à l’utilisation de drogues purgatives : toxidermies, photosensibilité ou encore œdèmes périphériques.
Communication de la Dr Nathalie Feton-Danou, Paris
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