Des inégalités face au risque de décès prématuré

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Publié le 21/10/2022
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Des études épidémiologiques récentes confirment l’effet délétère du tabagisme chez les personnes vivant avec un diabète de type 2 et montrent que les femmes et les sujets jeunes ont également un risque accru de mort prématurée.
Le diabète pèse plus lourdement sur le risque de décès des femmes

Le diabète pèse plus lourdement sur le risque de décès des femmes

Si tous les diabétiques de type 2 (DT2) ont un risque accru de mort prématurée, ce surrisque est plus marqué chez les femmes que chez les hommes, selon une étude menée aux Royaume-Uni sur une cohorte de près de 12 000 patients âgés en moyenne de 66 ans et suivis pendant 10 ans, de 2010 à 2020, avant le début de l’épidémie de Covid-19. Les données colligées au cours de cette période confirment l’impact du DT2 sur le risque de mort prématurée, qui est globalement augmenté de 84 % chez les diabétiques, comparativement aux non diabétiques. Ce chiffre global masque les disparités entre hommes et femmes, ces dernières ayant 96 % plus de risque de mourir prématurément que leurs paires non diabétiques, comparativement à 74 % chez les hommes. Cette différence persiste après prise en compte des conditions de vie, souvent précaires dans la région où a été réalisée cette analyse : le surrisque est de 60 % chez les femmes ayant un diabète de type 2, comparativement à celles indemnes du trouble métabolique, tandis qu’il n’est que de 44 % chez les hommes. Un résultat qui a surpris les auteurs de ce travail, car les conséquences du diabète sont classiquement considérées comme plus importants chez les hommes que chez les femmes.

Autre constat fait à l’issue de cette étude, moins surprenant : l’impact délétère du tabagisme, facteur qui réduit le plus l’espérance de vie des fumeurs ayant un DT2. Les modélisations rapportent une multiplication par 2,5 des décès prématurés chez les DT2, comparativement à la population générale. Les diabétiques fumeurs perdent dix ans de vie, alors que les diabétiques non-fumeurs ou anciens fumeurs ne perdent que trois ans d’espérance de vie.

Plus lourd tribut pour les plus jeunes

Enfin, les personnes dont le DT2 a été diagnostiqué avant l’âge de 65 ans — qui représentent d’ailleurs la majorité des diabétiques — sont également plus à risque de décès prématuré. Leur espérance de vie est amputée de plus de 8 ans, alors que pour les DT2 diagnostiqués après l’âge de 65 ans, cette réduction n’est que de 2 ans.

Au total, une femme fumeuse dont le diabète a été diagnostiqué avant l’âge de 65 ans perd 15 ans d’espérance de vie, comparativement à une femme du même âge non diabétique et non fumeuse.

Les conséquences sur le risque cardiovasculaire et le risque de décès de la survenue précoce d’un DT2, phénomène en augmentation dans de nombreux pays, sont également mises en avant dans une autre étude, sud-coréenne. Ce travail, ayant suivi pendant six ans en moyenne plus de 630 000 diabétiques nouvellement diagnostiqués, montre que, comparativement à une population témoin de 1,2 million de personnes, le risque de complications cardiovasculaires, tout comme celui de mort prématurée est multiplié par cinq lorsque le DT2 apparaît avant l’âge de 40 ans. Le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque est quant à lui multiplié par sept.

Tous ces surrisques s’atténuent progressivement avec l’augmentation de l’âge au diagnostic mais, sans surprise, restent toujours significatifs. Ainsi, lorsque le diabète est diagnostiqué à l’âge de 91 ans, le risque de maladie cardiovasculaire est trois fois plus élevé que dans la population générale du même âge.

Exergue : Le tabagisme est le facteur qui réduit le plus l’espérance de vie des diabétiques de type 2

Communications des Drs Adrien Heald et Da Hea Seo

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin