Un lien possible avec le diabète de type 2

Deux variants génétiques associés au poids de naissance

Publié le 12/04/2010
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Crédit photo : S TOUBON

AFIN D’IDENTIFIER des facteurs génétiques associés au poids de naissance, un consortium de chercheurs dirigé par le Pr Mark McCarthy de l’université d’Oxford au Royaume-Uni (Welcome Trust Centre for Human Genetics), incluant, en France, le Dr Nabila Bouatia-Naji et le Pr Philippe Froguel (CNRS, Institut Pasteur de Lille), a réalisé une méta-analyse de 6 études génomiques d’association portant sur plus de 10 600 bébés européens (cohortes de grossesse et de naissance). Ils ont ensuite validé les deux plus fortes associations ainsi identifiées, dans 13 études de réplication portant sur plus de 27 500 bébés, d’origine européenne pour la plupart.

Deux variants génétiques SNP (polymorphisme d’un seul nucléotide) sont associés à un faible poids de naissance : l’un sur le chromosome 3q25 est situé entre les gènes LEKR1 et CCNL1 (encodant la cycline L1) ; l’autre sur le chromosome 3q21 réside dans le gène ADCY5 (encodant l’adényl cyclase 5).

Risque de diabète de type 2 majoré de 25 %.

Cette dernière découverte est importante car des variants corrélés du gène ADCY5 ont récemment été impliqués dans la régulation de la glycémie et la susceptibilité au diabète de type 2. Les individus portant deux copies à risque de ce variant (homozygotes) ont un risque de diabète de type 2 majoré de 25 %, par rapport aux individus non porteurs des copies à risque.

Or, il est reconnu depuis longtemps que les bébés nés avec un faible poids sont à risque accru de diabète de type 2 vers l’âge de 50 ans, mais les causes de cette association restent incertaines. De nombreuses recherches se sont concentrées sur l’environnement intra-utérin. On pense généralement que la nutrition maternelle peut influer, à la fois, sur la croissance du bébé et sur son risque ultérieur de maladie, à travers un processus de « programmation ». Cette dernière étude génétique confirme le rôle également important des gènes.

« Nous avons été surpris de découvrir des effets génétiques aussi importants pour une caractéristique, comme le poids de naissance, fortement influencée par de nombreux facteurs environnementaux », observe dans un communiqué le Pr McCarthy. « Ces découvertes apportent des indices importants sur les mécanismes responsables de la croissance au début de la vie, ce qui pourrait nous amener à mieux comprendre comment gérer les problèmes de croissance fœtale durant la grossesse ».

9 % des Européens.

Les effets combinés des deux variants génétiques sont relativement importants. Les chercheurs ont estimé que les 9 % des Européens qui héritent des 4 allèles abaissant le poids de naissance (2 allèles pour chaque variant génétique) pèsent à la naissance, en moyenne, 113 g de moins que les 24 % d’Européens qui n’héritent d’aucun de ces allèles ou seulement d’un.

Cet effet est équivalent à la réduction du poids de naissance entraînée par un tabagisme maternel, à hauteur de 5 cigarettes par jour, durant le troisième trimestre de la grossesse. Il équivaut aussi à un tiers de la réduction du poids de naissance causée par la malnutrition sévère des femmes enceintes durant la famine aux Pays-Bas en 1944-1945, lorsqu’elles consommaient en moyenne moins de 1 000 calories par jour.

« Il est important d’établir maintenant dans quelle mesure l’association entre le faible poids de naissance et le risque accru de diabète de type 2 est due à nos gènes et dans quelle mesure elle est due à l’environnement, ceci nous guidera dans la façon de cibler nos efforts de prévention du diabète », laisse entrevoir le Dr Rachel Freathy (Peninsula Medical School, Exeter).

Les mécanismes sous-tendant l’association entre les deux variants et le plus faible poids de naissance restent aussi à élucider. « Une meilleure compréhension de ces associations éclairera des voies biologiques importantes pour la croissance fœtale et leurs relations avec les maladies à l’âge adulte », concluent les chercheurs.

Nature Genetics, 6 avril 2010, DOI : 10.1038/ng.567.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8747