Identifier et gérer le diabète Mody 2 durant la grossesse : excellentes performances du diagnostic prénatal non invasif

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Publié le 15/12/2023
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Très précis et capable de fournir un résultat avant le dernier trimestre pour la plupart des patientes, le diagnostic prénatal non invasif du génotype fœtal durant les grossesses avec un diabète GCK-Mody permet de mettre en route le traitement adapté.

Lors des grossesses où la mère présente un diabète Mody 2 (défaut de glucokinase [GCK] – Mody), la croissance fœtale est déterminée par le génotype fœtal. Lorsque le fœtus hérite du variant maternel pathogène de GCK, une croissance fœtale normale est attendue et le traitement par insuline de l’hyperglycémie maternelle n’est pas recommandé. Si, au contraire, il n’est pas porteur de ce variant, les risques de macrosomie et d’hypoglycémie néonatale sont très élevés.

Mais comment connaître le génotype du fœtus ? À l’heure actuelle, il ne peut être estimé qu’à partir de la mesure de la circonférence abdominale fœtale par échographie. Comme cela a été développé pour la trisomie 21 avec le dépistage prénatal non invasif (DPNI), des tests non invasifs utilisant l’ADN acellulaire fœtal circulant dans le sang maternel existent désormais pour préciser le génotype GCK du fœtus (Nipt-GCK, pour non-invasive prenatal testing of fetal GCK genotype).

Une simple prise de sang maternelle

Une étude a comparé la précision diagnostique du Nipt-GCK à celle de l’échographie, afin de déterminer la faisabilité de son utilisation pour guider la gestion de la grossesse (1).

Dans une cohorte internationale, 38 femmes enceintes présentant une hyperglycémie liée à un GCK-Mody ont été identifiées, à 28 semaines de gestation. Le Nipt-GCK était chez elles plus sensible et spécifique que l’échographie pour prédire le génotype fœtal (sensibilité de 100 % et spécificité de 96 % pour le Nipt-GCK, contre sensibilité de 53 % et spécificité de 61 % pour la circonférence abdominale fœtale du 75e percentile).

Savoir y penser

Cette forme de diabète Mody-GCK est souvent ignorée, l’hyperglycémie étant très modérée, ce qui peut la faire confondre, en cas de grossesse, avec un diabète gestationnel (DG) — et traiter à tort comme tel, y compris avec de l’insuline, ce qui entraîne des conséquences néfastes telles que des hypoglycémies sévères.

Lorsque le diagnostic de Mody-GCK était connu avant la grossesse, le fait que le fœtus soit ou non porteur de la mutation importe grandement. Disposer de tests prénataux et non invasifs du génotype fœtal est une contribution optimale pour la gestion de ces grossesses GCK-Mody.

Cette étude, qui s’inscrit dans la démarche de la médecine de précision, a été menée grâce à l’équipe de Hattersley (Université d’Exeter), qui nous éclaire à chaque fois un peu plus dans le labyrinthe des multiples formes de diabètes.

L’occasion aussi de rappeler que les DG à IMC strictement normal, voire sous la normale, doivent être suspectés de Mody-GCK ; des cas cliniques éloquents avaient été rapportés par cette même équipe.

Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes 

(1) Bringing precision medicine to the management of pregnancy in women with glucokinase‐Mody: a study of diagnostic accuracy and feasibility of non‐invasive prenatal testing. Alice E. Hughes et al. Diabetologia (2023) 66:1997–2006

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr