Inflammation et diabète

Les connaissances progressent

Publié le 15/04/2011
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LE DIABÈTE de type 2 (DT2) se traduit par une incapacité des cellules bêta pancréatiques à compenser les besoins accrus en insuline lorsque se développe une insulinorésistance. Avec l’évolution de la maladie, la masse des cellules bêta est diminuée par apoptose et leur fonctionnement décroît progressivement indépendamment du traitement hypoglycémiant administré. L’histologie des îlots pancréatiques de patients DT2 révèle un processus inflammatoire caractérisé par la présence de cytokines, de cellules apoptotiques, d’une infiltration de cellules immunes, de dépôts amyloïdes pouvant aboutir à une fibrose.

Il est vraisemblable que cette inflammation soit une conséquence de l’hyperglycémie. En effet, des travaux expérimentaux ont montré qu’une exposition de longue durée à des concentrations élevées de glucose induit l’apoptose des cellules bêta et la production de la cytokine pro-inflammatoire IL-1ß dans ces cellules. Or l’IL-1ß induit l’apoptose des cellules bêta. Ce serait donc par l’intermédiaire de la production de cette interleukine que l’hyperglycémie induirait l’inflammation des cellules bêta. En accord avec cette hypothèse, il apparaît que la concentration de récepteurs de l’IL-1ß est plus importante dans ces cellules pancréatiques que dans d’autres tissus humains. Par ailleurs, l’IL-1ß s’auto-induit dans les cellules bêta, créant ainsi un processus inflammatoire auto-entretenu qui pourrait altérer le fonctionnement des cellules productrices d’insuline.

« Une protection existe, sinon, toute situation inflammatoire induirait un diabète », précise le Pr Marc Donath (Zurich). Effectivement, il a été démontré que l’IL-1ß est la seule cytokine qui possède un antagoniste (IL-1RA), présent à forte concentration dans le pancréas et capable de protéger les cellules bêta des effets délétères de l’hyperglycémie. Or, chez les patients DT2, l’expression des cellules bêta et les taux sériques d’IL-1RA sont réduits. Cet antagonisme inadéquat de l’IL-1ß semble lié à une caractéristique génétique car les polymorphismes génétiques du gène encodant l’IL-1RA sont associés à des taux sériques altérés d’IL-1RA.

Un antagoniste de l’IL-1ß à l’étude.

Des études réalisées chez des patients DT2 ont confirmé le rôle possible de l’IL-1ß dans la genèse du diabète. En effet, le traitement pendant 13 semaines de patients DT2 avec un IL-1RA (anakinra, un antagoniste de l’IL-1ß utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde) améliore la fonction bêta-cellulaire, réduit l’HbA1c et diminue les marqueurs de l’inflammation (protéine C-réactive) comparativement à un placebo. Cet effet bénéfique a persisté pendant les 39 semaines de suivi après arrêt de l’anakinra (1). Pour Marc Donath, ces résultats sont en accord avec l’hypothèse suggérant que l’inflammation participe à la pathogenèse du diabète de type 2. Ils ouvrent aussi la porte à des stratégies immunomodulatrices capables de diminuer la glycémie et, simultanément, de réduire la sévérité et la prévalence des complications associées au diabète.

D’après la communication du Pr Marc Donath (Zurich).

(1) Larsen CM, et al. Diabetes Care 2009;32:1663-8.

 YVONNE EVRARD

Source : Le Quotidien du Médecin: 8944