Pr Jean Ferrières : « Le régime méditerranéen est le plus efficace et le plus simple »

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Publié le 20/05/2019
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Pr Jean Ferrières

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régime méditerranéen

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Le Quotidien du Médecin. En matière de réduction du risque cardiovasculaire, quel est le meilleur régime alimentaire ?

Pr Jean Ferrières. Il est quasi-impossible en pratique de faire des études comparant de façon scientifique, avec une méthodologie d'essai thérapeutique, les différents régimes alimentaires. Trop de paramètres entrent en jeu, l'être humain est complexe, il y a de multiples interactions entre l'alimentation, le mode de vie et le statut psychosocial. Mais certains faits sont établis. Le régime méditerranéen a fait ses preuves, il est associé à une réduction du risque cardiovasculaire, bien étayé notamment dans l'étude PREDIMED. Les bénéfices du régime végétarien ont également été mis en évidence dans des études observationnelles, avec une réduction du risque de cancer et de maladie cardiovasculaire, sans impact toutefois sur la mortalité totale. L'impact cardiovasculaire d'une alimentation de type vegan, qui en plus de la viande et du poisson exclut aussi les œufs et les laitages, est moins documenté. Les personnes qui suivent ce mode alimentaire tendent à vivre bien et longtemps, mais sont exposées à des risques de carences. Elles sont d'ailleurs demandeuses de supplémentation en vitamines B12 et D, en calcium, en oméga-3 et divers nutriments comme le zinc. Le mode d'alimentation végétarien a été historiquement celui adopté par les hommes qui se nourrissaient principalement de végétaux et de temps en temps de viande. Le gibier était un produit rare. Ce n'est qu'avec l'évolution que les hommes se sont mis à consommer viandes et poissons, et au cours des dernières décennies des aliments industriels, souvent trop gras, trop salés et trop sucrés.

Que préconiser en pratique ?

Le régime de type méditerranéen est efficace et est le plus simple à suivre. C'est d'ailleurs celui qui est recommandé par les sociétés savantes européenne et américaine. C'est en fait un régime varié et équilibré, celui-là même avancé pour expliquer le « Paradoxe français ». La faible mortalité coronaire observée, notamment dans les régions du sud de la France, en dépit de la consommation de graisses saturées découle de ce mode d'alimentation où l'on mange de tout sans excès. L'alimentation doit être appréhendée dans sa globalité. On peut conseiller globalement de manger le plus possible de fruits et de légumes, de noix, de légumineuses, de produits céréaliers complets, de consommer du poisson régulièrement, de privilégier les yaourts et les fromages maigres et de limiter la viande. Et tout un chacun peut, sans suivre stricto sensu un régime végétarien, réduire encore sa consommation de viande, de volailles et de laitages.

Y a-t-il des aliments interdits ?

Il ne faut rien imposer. Les interdits exposent à d'autres comportements à risque. Une personne qui n'a plus le droit de boire régulièrement un verre de vin risque par exemple de tomber dans le binge drinking du samedi soir. En réadaptation cardiovasculaire après un infarctus du myocarde, il faut corriger les erreurs majeures, comme la consommation régulière de steaks frites, l'excès de fromages, de plats industriels… Mais on ne peut pas demander à quelqu'un de passer d'une alimentation déséquilibrée à un régime végétarien. Le végétarisme n'est en général pas un choix de santé, mais un choix de vie, une prise de position en faveur de la planète et des animaux, qui n'est d'ailleurs pas toujours facile à adopter pour les citadins, qui ont un accès plus difficile aux fruits, légumes et céréales de bonne qualité. Les adeptes de ce mode d'alimentation font souvent plus de sport, ne boivent pas du tout d'alcool, font de la relaxation, autant de facteurs qui contribuent eux aussi à réduire l'incidence des maladies chroniques et cardiovasculaires.

Propos recueillis par le Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan Spécialiste