Du mieux pour l’EoE

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Publié le 03/11/2023
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Les comprimés orodispersibles de budésonide semblent représenter la meilleure option dans l’œsophagite à éosinophiles (EoE) en échec d’IPP actuellement. Mais d’autres molécules sont sur les rangs.

L’œsophagite à éosinophiles (EoE) est une pathologie œsophagienne chronique d’origine allergique et dysimmunitaire caractérisée par une réaction inflammatoire au sein de laquelle prédominent les éosinophiles. Elle est déclenchée par une réaction alimentaire non médiée par les IgE. Les comprimés orodispersibles de budésonide permettent une rémission soutenue à long terme. Ils sont recommandés en cas d’échec des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), dont l’efficacité se situe entre 30 et 50 %.

Une étude présentée au congrès a comparé l’efficacité des différentes formulations de corticostéroïdes topiques déglutis en vie réelle à partir du registre Eureos EoE Connect, regroupant 31 hôpitaux en Europe (1). Cette étude s’est fondée sur la rémission clinico-histologique, définie comme plus de 50 % de réduction du score de symptômes de dysphagie et/ou des critères du clinicien, ainsi qu’un nombre d’éosinophiles inférieur à 15 par champ à fort grossissement.

Rémission clinico-histologique

À la date de mars 2023, le propionate de fluticasone était plus utilisé que le budésonide (58 % contre 42 %). Parmi les thérapies à base de budésonide, les sirops en préparation magistrale étaient les formulations les plus courantes, suivis des comprimés orodispersibles de budésonide (56 % contre 25 %), seulement disponibles depuis mai 2022 en France.

En comparant les régimes d’induction, le budésonide (toutes formes comprises) s’est révélé supérieur au propionate de fluticasone pour atteindre la rémission clinico-histologique (82 % contre 60 %, p < 0,001). Concernant les comprimés orodispersibles – qui sont la meilleure option en termes d’efficacité –, les posologies de 1 et 2 mg/jour ont induit respectivement une rémission chez 86 % et 100 % des patients (p = 0,04). À noter qu’en phase de maintenance avec une dose réduite, le nombre de patients en rémission diminuait.

De leur côté, les études sur le dupilumab (un anticorps monoclonal anti-IL-4 et 13) se poursuivent. Ce médicament est autorisé en Europe en cas d’échec des thérapeutiques conventionnelles chez les patients de plus de 12 ans et de plus de 40 kg, et son dossier est à l’étude par la HAS. L’étude de phase 3 Liberty EoE Treet avec le dupilumab à une dose de 300 mg par semaine par rapport au placebo a été prolongée chez les répondeurs au-delà de 24 semaines, par 28 semaines supplémentaires de traitement (2). À 52 semaines, l’efficacité est maintenue, avec même des améliorations croissantes sur les caractéristiques cliniques (dysphagie), symptomatiques, histologiques, endoscopiques et moléculaires.

Intervenir plus tôt

Par ailleurs, une étude de cohorte danoise (DanEoE2) menée dans la région du nord du Danemark a montré qu’une sensibilisation du corps médical pouvait porter ses fruits (3).

Le diagnostic est souvent porté tardivement, après que des complications fibrosantes sont déjà apparues. Les auteurs ont constaté, après la publication de recommandations en 2017 et d’une campagne de sensibilisation auprès des médecins, une diminution du délai de diagnostic, de la mise en place d’un traitement et d’un suivi minimal, et des sténoses pré-diagnostiques.

(1) Laserna-Mendieta EJ et al. OP163 

(2) Lucendo AJ et al. OP162 

(3) Melgaard D et al. OP165


Source : Le Quotidien du médecin