Régurgitations, coliques, constipations… Tels sont les trois principaux troubles digestifs de la naissance à quatre mois. 67 % des nourrissons en bonne santé régurgitent plus d’une fois par jour, et près d’un tiers des parents discute de ce symptôme avec leur médecin*. Les régurgitations quotidiennes diminuent toutefois au fur et à mesure que l’enfant grandit. Et ne concernent plus que 5 % des enfants de 10 à 12 mois*.
Elles sont le plus souvent physiologiques et sans gravité. Car en tétant, le nourrisson est capable d’ingérer une quantité de lait très important par rapport à sa capacité gastrique. Résultat : la pression de l’estomac peut être supérieure à celle de l’œsophage et l’enfant régurgite. « Lorsque son état général est bon, il est inutile de lui prescrire des médicaments (anti acides, prokinétiques…). Il faut seulement prendre le temps de discuter avec les parents et de les rassurer », indique le Dr Jean-Pierre Chouraqui.
Si les régurgitations deviennent trop fréquentes (après chaque repas, par exemple) et qu’elles préoccupent les parents, il est possible de recourir au lait AR (antirégurgitation), épaissi à l’amidon ou à la caroube. « Les laits AR ont fait la preuve de leur efficacité pour diminuer la fréquence et le volume des régurgitations. Il n’y a pas de différence en termes d’efficacité entre l’amidon et la caroube. Mais, chez certains enfants, la caroube peut être source de flatulences et de fermentation, voire de coliques », confie le Dr Chouraqui.
Au cas par cas.
Le médecin doit toujours vérifier que le nourrisson ne souffre pas de ses régurgitations. Des troubles de l’alimentation, le refus du biberon, les pleurs et les grimaces systématiques après chaque régurgitation et/ou une cassure de la courbe de poids doivent amener à explorer d’autres causes. « 5 % des nourrissons souffrent de reflux gastro-œsophagiens pathologiques avec des signes d’œsophagites ou de problèmes bronchopulmonaires. Cela suppose un diagnostic précis établi, au mieux, par la pratique éventuelle d’une Ph-métrie. Dans certains cas, nous pouvons prescrire un IPP pour diminuer l’acidité liée aux régurgitations. Il faut alors que la symptomatologie douloureuse -ou supposée telle- s’amende dans les 15 jours pour rendre licite la poursuite de cette prescription », affirme le Dr Chouraqui.
Certains nourrissons présentent également des coliques. Ils peuvent alors pleurer plusieurs fois par jour, de manière prolongée et systématique, après chaque repas. Et se réveiller la nuit. Dans la grande majorité des cas, les coliques cessent après trois mois et ne nécessitent pas de traitement. « Les nourrissons peuvent également pleurer parce qu’ils sont constipés ou qu’ils présentent une authentique allergie au lait de vache. Seule une analyse sémiologique précise du médecin permettra de déterminer la cause des pleurs. Par ailleurs, certaines coliques inexpliquées peuvent être dues à un déséquilibre de la flore intestinale (enfants nés par césarienne ou ayant reçu des traitements antibiotiques). Dans ce cas, l’utilisation de laits enrichis en probiotiques (Lactobacillus reuteri) peut être utile », précise le Dr Chouraqui.
Enfin, si la constipation de l’enfant nourri au lait maternel reste rare, elle est un peu plus fréquente lorsque les parentes recourent aux laits infantiles. « Des selles peu régulières ne sont pas forcément signes de constipation. Lorsque les selles sont dures et que le nourrisson semble en souffrir -avec une défécation difficile- il est possible d’augmenter sa ration hydrique (en lui proposant des biberons d’eau faiblement minéralisée) et de choisir des laits infantiles enrichis en lactose et/ou contenant des prébiotiques », conclut le Dr Chouraqui.
*Paul E. Hyman et coll. Childhood Functional Gastrointestinal DisordersNeonate/Toddler. Gastroenterology 2006 Apr;130(5):1519-26.
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