Recours moindre à la chirurgie bariatrique

Une prévalence 2 fois moins élevée des obésités morbides

Publié le 25/11/2013
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Crédit photo : S TOUBON

AVEC UNE prévalence de 15 % de la population adulte, l’obésité touche en France près de 7 millions de personnes. Environ 550 000 personnes (1,2 % de la population) souffrent d’une obésité dite morbide c’est-à-dire avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 40 kg/m².

La chirurgie de l’obésité peut être envisagée, en seconde intention, en cas d’échec après six mois de traitement médical bien conduit, et chez certains patients uniquement avec un IMC ≥ 40 kg/m² ou bien un IMC ≥ 35 kg/m² associé à au moins une comorbidité susceptible d’être améliorée par la chirurgie. Ces patients sont généralement porteurs de plusieurs comorbidités associées (diabète de type 2, hypertension artérielle, apnée du sommeil, BPCO, dyslipidémie…) souvent mal contrôlées. « La prise en charge de ces patients doit être pluridisciplinaire avec une équipe dédiée », souligne le Pr Sébastien Czernichow (chef du service de Nutrition, CHU Ambroise Paré, Centre intégré « Paris-Centre »).

La chirurgie de l’obésité qui a concerné 31 000 patients en 2011 et 38 000 en 2012 est en plein essor. Le nombre d’interventions a plus que doublé en cinq ans. En France aujourd’hui, 37 centres spécialisés sont labellisés pour la prise en charge médico-chirurgicale de l’obésité et 5 centres intégrés appelés à développer le soin, la recherche et l’enseignement. La pose d’un anneau gastrique a diminué et la sleeve gastrectomie est l’intervention la plus pratiquée en 2013.

Forte adiposité abdominale.

« En général, l’intervention est souvent plus difficile chez l’homme du fait de la forte adiposité abdominale », déclare le Pr Jean-Luc Bouillot (service de chirurgie, Hôpital Ambroise Paré). Or, d’après l’étude de l’Assurance-maladie (1), 8 patients sur 10 sont des femmes, âgées en moyenne de 39 ans. En moyenne, les femmes sont opérées à un IMC plus bas et à un âge plus jeune que les hommes. Les hommes qui représentent un effectif d’un peu plus de 5 000 patients ont un âge moyen de 41 ans. Comment expliquer ces différences ?

Une première hypothèse peut s’appuyer sur l’augmentation relative de la prévalence de l’obésité sur les quinze dernières années plus rapide chez les femmes. Ainsi, aujourd’hui, la prévalence de l’obésité est plus importante chez les femmes (15,7 %) que chez les hommes (14,3 %).

« Cette tendance est particulièrement nette pour les obésités sévères (classe II : IMC de 35 à 39,9 kg/m²) avec une prévalence de 3,7 % chez les femmes versus 2,5 % chez les hommes », explique le Pr Czernichow « Et, elle est encore plus marquée pour les obésités massives (classe III ≥ 40 kg/m²) avec une prévalence de 1,6 % chez les femmes versus 0,6 % chez les hommes, soit une prévalence plus de deux fois supérieure. »

Quant au fait que les femmes se fassent opérer plus tôt avec un IMC plus bas, cela tient certainement au fait qu’en général, elles ont recours aux soins, beaucoup plus facilement que les hommes, pour leur santé en général.

« Les hommes attendent souvent plus longtemps avant de consulter en nutrition. Par ailleurs, je pense qu’il faut tenir compte également de l’image corporelle dans la société qui est beaucoup plus tolérante pour les hommes que pour les femmes », souligne le Pr Czernichow.

Enfin, 20 % des patients concernés par la chirurgie de l’obésité appartiennent à une catégorie plutôt modeste, l’obésité est très liée au niveau socio-économique. « Ainsi, cela joue peut-être un rôle pour expliquer les différences hommes/femmes. En effet, près de 18 % des femmes bénéficient d’une CMU complémentaire contre près de 11 % des hommes. »

(1) Étude sur la chirurgie bariatrique en 2011- Assurance-maladie - 21 février 2013.

 CHRISTINE FALLET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9283