Hématologie

Bêta–thalassémie : ce qu'il faut savoir

Par
Publié le 02/06/2023
Article réservé aux abonnés
Les laboratoires Vertex ont organisé le 20 avril 2023 une conférence de presse sur la bêta-thalassémie, en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une maladie rare, peu connue des médecins et qui rencontre donc des difficultés importantes de prise en charge. Des thérapies géniques sont à l’essai.
Dans la forme majeure, une expansion médullaire extrême et un rendement insuffisant de la moelle impliquent la nécessité de transfusions

Dans la forme majeure, une expansion médullaire extrême et un rendement insuffisant de la moelle impliquent la nécessité de transfusions
Crédit photo : BURGER / PHANIE

La bêta-thalassémie est une maladie autosomique récessive rare en France, grave, invalidante, peu connue du grand public, mais également des professionnels de santé. Mieux la faire connaître était l'objectif d'une table ronde organisée par les laboratoires Vertex, qui expérimentent des thérapies géniques contre cette maladie.

Des thérapies géniques, actuellement en expérimentation, reposent sur la technologie d’édition de gènes médiée par Crispr. Il s’agit d’une technologie efficace et polyvalente, utilisée pour modifier des régions précises d’ADN. Des gènes spécifiques sont ciblés et modifiés, ce qui a pour but d'en changer l'expression.

Il existe trois formes de la maladie, a rappelé le Pr Frédéric Galacteros de l'unité des maladies génétiques du globule rouge à l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) : mineure (sans conséquence le plus souvent sur la santé), intermédiaire (croissance et puberté satisfaisantes pour les enfants) et majeure.

Transfusions itératives

Dans la bêta-thalassémie majeure, il se produit une expansion médullaire extrême et un rendement insuffisant de la moelle, ce qui implique la nécessité de transfusions. Les signes cliniques se manifestent entre l'âge de six mois et cinq ans : pâleur, ictère, fatigue et fragilité vis-à-vis des infections. On constate une augmentation de la taille de la rate et du foie, des troubles de la croissance, des déformations osseuses.

En l’absence de traitement, le décès survient avant l’âge de cinq ans, dû à l’anémie, aux infections, à la cachexie. Les transfusions épisodiques amènent le patient jusqu’à sa deuxième décade de vie avec un objectif d’hémoglobinémie entre 9 et 10 g/dl. Mais les transfusions itératives peuvent entraîner une hémochromatose cardiaque, pouvant être responsable d'un décès à l'âge de 20 ans.

Chélateurs du fer

D’où l’emploi, en sus des transfusions, de chélateurs du fer. L'élimination médicamenteuse du fer est un objectif thérapeutique pivot de la prise en charge. Les chélateurs sont employés dès que la ferritinémie est supérieure à 1 000 ng/ml ou quand l’IRM hépatique retrouve une quantité supérieure à 125 micromol/g de foie.

Autres objectifs : obtenir une croissance et une activité normales ; réprimer l’intense hématopoïèse ; traiter les complications (ostéoporose) ; prévenir les infections (Oracilline) ; supplémenter par acide folinique.

L’hydroxyurée avec ou sans érythropoïétine s’avère efficace dans 50 % des bêta-thalassémies intermédiaires. Une splénectomie sera, quant à elle, pratiquée si les besoins du patient sont supérieurs à 200 ml de sang transfusé/kg/an ou s’il existe un hypersplénisme. Une allogreffe de moelle pourra être effectuée dans la bêta-thalassémie majeure s’il existe un donneur géno-identique (fratrie).

Sur environ 700 patients atteints en France, 434 présentent une forme majeure, 365 sont transfuso-dépendants. Cette maladie est suivie à l’échelon national par un registre national qui provient des contributions de 92 centres dans 63 villes. La Fédération des malades drépanocytaires et thalassémiques, SOS Globi, aide, oriente et conseille les patients et leurs familles.

Dr Alain Dorra

Source : Le Quotidien du médecin