Syndrome myélodysplasique del(5q)

Des cellules souches résistantes expliquent les récidives

Publié le 10/09/2010
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DOUBLE INTÉRÊT pour une étude internationale portant sur le syndrome myélodysplasique del(5q) c’est-à-dire avec délétion 5q. Des chercheurs suédois, allemands, américains et britanniques, Ramin Tehranchi et coll., ont pu attribuer la récidive de l’affection, chez des patients en rémission complète clinique et cytogénétique, à la persistance de cellules souches malignes. Il s’agit du premier apport du travail. Le second est de fournir un argument supplémentaire à l’hypothèse selon laquelle quelques cellules souches sont nécessaires et suffisantes pour expliquer la rechute d’un cancer. Ces cellules souches constituent une population distincte particulièrement résistante aux traitements.

C’est ainsi que le travail présenté dans le « New England Journal of Medicine » pourrait ouvrir la voie au dépistage des récidives du syndrome myélodysplasique del(5q). L’identification de ces cellules souches distinctes fournirait un outil de surveillance sensible. La possibilité de les isoler et de les purifier, tant avant qu’au cours du traitement, permettrait de suivre l’évolution de ce clone cellulaire et d’identifier des cibles moléculaires différentes de celles trouvées dans la tumeur.

Une réduction efficace des taux de progéniteurs.

L’équipe a enrôlé sept patients atteints d’un syndrome myélodysplasique del(5q). Tous avaient reçu un analogue du thalidomide, le lenalidomide. Ce traitement avait permis de cesser les transfusions et de conduire à une rémission cytogénétique. Des échantillons de moelle osseuse ont été prélevés. Toutes les cellules progénitrices et cellules souches CD34+ et CD38+ qui étaient positives pour les CD34 et CD90, avec des CD38 bas ou indétectables (CD38 -/bas), présentaient la délétion 5q avant traitement. Le lenalidomide a mené à la rémission complète ces patients en procurant une réduction efficace des taux de ces progéniteurs. Pourtant les chercheurs ont constaté qu’une grande partie des quelques cellules souches quiescentes était résistante au traitement. Il s’agissait de cellules souches del(5q) CD34+, CD38 -/bas, CD90+, ainsi que de cellules souches del(5q) fonctionnelles.

Au cours du temps une résistance au lenalidomide est apparue chez la majorité des patients en rémission complète ou partielle. Elle s’est accompagnée d’une récurrence ou d’une expansion du clone del(5q) et d’une progression aux plans clinique et cytogénétique. Les auteurs attribuent la récidive à de rares cellules souches del(5q) phénotypiquement distinctes et chimio-résistantes.

Ils précisent que malgré la présence des cellules souches résistantes au lenalidomide, les patients n’avaient plus recours à la transfusion et conservaient un taux d’hémoglobine normalisé. Ils suggèrent que l’efficacité du traitement sur les clones de progéniteurs myéloïdes del(5q) fait évoquer la préexistence d’une autre population de cellules souches. Ce pool cellulaire, bien que restreint, pourrait envahir le compartiment de progéniteurs érythroïdes et myéloïdes plus efficacement après le traitement qu’auparavant. Il pourrait être suffisant pour restaurer une érythropoïèse normale. Ce dernier point expliquerait comment le lenalidomide peut induire une réponse érythroïde durable chez les patients.

New England Journal of Medicine, 363 ; 11, pp.1025-1037.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8812