Des tumeurs génétiquement hétérogènes et instables

Publié le 11/02/2016
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Exit le dogme de monoclonalité des tumeurs. Le séquençage à haut débit a mis en évidence une certaine hétérogénéité au sein de tumeurs, même naïves de tout traitement. Les tumeurs présentent donc, une biodiversité à la fois phénotypique et génétique.

« On sait aujourd’hui qu’une tumeur peut receler une grande variété de cellules cancéreuses. On a dénombré jusqu’à plus de 1 000 mutations différentes au sein d’une même tumeur » (1), explique le Pr Marty. Pour compliquer le tableau, ces sous-types de cellules tumorales, co-existant au sein d’une même tumeur, évoluent avec le temps. Certaines sous-populations en supplantent d’autres, notamment en fonction des expositions aux traitements qui agissent comme agent de sélection et favorisent l’émergence de nouvelles mutations. Jusque-là rien de bien neuf. Mais ils opèrent aussi comme agent de promotion de certaines lignées pré-existantes. Ce qui est bien compréhensible mais était, en revanche, méconnu il y a juste quelques années.

Un avantage adaptatif

Résultat, avant et au cours des traitements, il existe un certain degré d’instabilité génétique qui peut être majeure dans certaines tumeurs.

« Elle peut d’ailleurs être caractérisée très précocement par l’instabilité microsatellitaire », souligne le Pr Marty, précisant que cette dernière peut être mise en évidence par le test Comet, qui évalue les déficits de la réparation des lésions double brin de l’ADN. Ces instabilités font l’objet de très nombreux travaux, car cette plasticité génétique peut constituer un avantage adaptatif.

Le degré d’instabilité semble affecter le pronostic. En pratique clinique, une instabilité peut favoriser la rapidité évolutive, une collaboration avec les cellules du stroma plus efficace, voire une évolution de la tumeur vers un phénotype plus agressif ou même totalement différent. « On a ainsi vu des cancers du sein RE+ devenir RE- et inversement », souligne le Pr Marty.

Une meilleure compréhension de cette instabilité pourrait améliorer la prise en charge de tumeurs peu sensibles aux traitements et à terme améliorer leur pronostic, souvent péjoratif.

Pascale Solère

Source : Bilan spécialiste