Deux haplotypes à risque et deux autres protecteurs

Des variants associés à l'hépatite B chronique

Publié le 07/04/2009
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DE NOTRE CORRESPONDANTE

L'HÉPATITE B CHRONIQUE, une infection persistante du foie par le virus de l'hépatite B (VHB), est la plus grave des hépatites virales et représente un important problème de santé publique.

Dans le monde, deux milliards de personnes ont été en contact avec le VHB, et plus de 350 millions ont une infection chronique et peuvent transmettre le virus. Ces porteurs chroniques ont un risque élevé d'évolution vers la cirrhose et le cancer du foie, et 600 000 meurent de ces complications chaque année. 60 % des cas de cancers du foie sont dus au VHB.

La prévalence de l'infection est variable dans le monde, avec des zones d'endémie forte en Asie du Sud-Est et en Afrique sub-saharienne, où 8 à 20 % de la population est infectée de façon chronique et l'infection survient à la naissance ou dans l'enfance (transmissions verticale et horizontale), des zones d'endémie intermédiaire, et des zones d'endémie faible comme en Europe et en Amérique du Nord (0,2 à 0,5 %).

Hôte, virus et environnement.

L'évolution clinique après l'exposition au VHB est également très variable, dépendant de facteurs liés à l'hôte, au virus et à l’environnement.

Parmi les facteurs de l'hôte, l’âge au moment de la primo-infection par le VHB est le facteur le plus prédictif de la persistance virale. Le risque de passage à la chronicité est très élevé chez les nouveau-nés (plus de 90 %), intermédiaire chez les enfants (30 à 50 % entre un et quatre ans), et plus faible chez les adultes(5 %).

Des facteurs génétiques de l'hôte pourraient également affecter le risque de persistance virale.

Kamatani (université de Tokyo) et coll. ont conduit la première étude d'association pangénomique pour découvrir des facteurs génétiques associés à l'hépatite B chronique.

Leur étude, publiée dans la revue « Nature Genetics », a été conduite en deux temps.

Ils ont tout d'abord étudié une série de cas-témoins japonais (786 cas d'hépatite chronique et 2 201 témoins). En comparant le génotype des sujets-cas et des témoins, ils ont pu identifier une association significative entre l'hépatite B chronique et 11 variations génétiques (SNP) résidant dans la région HLA-DP (incluant les gènes HLA-DPA1 et HLA-DPB1).

Puis, dans une phase de réplication, les chercheurs ont génotype 2 variations SNP de cette région chez les patients-cas et les témoins de 3 autres séries, japonaises et thaïlandaise (au total, 1 300 cas et 2 100 témoins). L'association de ces 2 variants avec l'hépatite B chronique a pu être confirmée.

Une analyse plus approfondie a permis d'identifier deux haplotypes à risque (HLA-DPA1*0202- DPB1*0501 et HLA-DPA1*0202- DPB1*0301 ; OR = 1,45 et 2,31 respectivement) et deux haplotypes protecteurs (HLA-DPA1*0103- DPB1*0402 et HLA-DPA1*0103- DPB1*0401 ; OR = 0,52 et 0,57 respectivement).

Quelle est la fonction des molécules HLA-DP ? Leur structure est similaire aux autres molécules HLA de classe II, mais leur rôle dans la réponse immune n'est pas bien connu.

Étant donné la structure similaire, les chercheurs soupçonnent que des variations dans les molécules HLA-DP pourraient affecter la capacité de présentation des antigènes (par les molécules HLA de classe II) aux cellules T helper (CD4+), et conduire de fait à une réponse immune plus faible (ou absente) et à une infection persistante par le VHB.

Par ailleurs, une recherche de la fréquence des allèles protecteurs dans 11 populations du monde a révélé qu'ils sont moins fréquents dans les populations asiatiques (notamment chinoise) et africaines, que dans les populations d'Europe et d'Amérique centrale. Les facteurs génétiques pourraient ainsi jouer un rôle dans la prévalence de cette maladie infectieuse.

Traiter ou prévenir.

«  Nous avons démontré que des variants génétiques dans les gènes HLA-DP sont fortement associés à l'hépatite B chronique  », concluent les chercheurs. «  Nos résultats suggèrent que la présentation des antigènes sur les molécules HLA-DP pourrait être cruciale pour l'élimination virale et jouer un rôle important dans la pathogenèse de l'hépatite B chronique.  »

«  Il nous faut maintenant définir le mécanisme moléculaire responsable du défaut d'élimination virale  », confie au « Quotidien » le Dr Yusuke Nakamura, directeur du Centre de Génome Humain de l'Université de Tokyo, qui a dirigé ce travail.

«  Une compréhension de ce mécanisme pourrait permettre de développer un nouveau médicament pour traiter les patients ou pour prévenir l'infection persistante  », ajoute-t-il.

Nature Genetics, Kamatani et coll., DOI : 10.1038/ng.348

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr