Les travaux d’une équipe française

La mécanique en plus de la génétique dans le cancer du côlon

Publié le 17/12/2008
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Crédit photo : (c) BSIP 2003 #0832203

DANS LE CAS DU CANCER du côlon, l’inactivation du gène APC (Adenomatous Polyposis Coli) est l’événement génétique nécessaire à l’initiation du processus de cancérogenèse. Toutefois, pour les auteurs de l’étude, « si la perte d’APC est nécessaire pour qu’une tumeur du côlon apparaisse, elle n’est pas suffisante ». Les chercheurs sont partis du fait que la perte du gène APC a, parmi ses conséquences, la dérégulation de la bêtacaténine, lors du développement d’un cancer du côlon. La bêtacaténine est une protéine d’adhésion qui joue également un rôle de facteur de transcription. Pour ces chercheurs, la bêtacaténine fait peut-être office de censeur mécanique capable de capter les contraintes. Ils ont étudié les modifications induites par une pression mécanique sur l’expression de la protéine bêtacaténine et de deux oncogènes du développement précoce du cancer du côlon qui sont régulés par cette protéine, les oncogènes Myc (qui participe à la croissance tumorale) et Twist (qui contribue au pouvoir invasif des tumeurs).

Des côlons entiers de souris.

Afin d’étudier ces modifications, les chercheurs ont travaillé sur des côlons entiers explantés en postopératoire provenant de souris chez qui le gène APC a été délété et, d’autre part, de souris normales. Une pression très mesurée, correspondant aux pressions normales subies par le transit intestinal des souris, a été exercée. Chez les souris n’ayant qu’un gène APC, les chercheurs ont observé une relocalisation de la bêtacaténine du cytoplasme vers le noyau des cellules, suivie de l’activation de l’expression des oncogènes Myc et Twist, qui jouent alors leur rôle dans la cancérogenèse. Il semblerait que la contrainte mécanique fasse perdre à la bêtacaténine ses propriétés d’adhésion. Dans les cellules sauvages, la protéine APC dégrade la bêtacaténine dans le cytoplasme avant qu’elle n’entre dans le noyau et transcrive les oncogènes. Mais dans les organismes où un seul gène APC est présent, il semble insuffisant pour empêcher cet effet délétère. De plus, il n’est pas exclu que la croissance de la masse tumorale accélère son développement en comprimant les tissus voisins. L’intérêt de ces observations en clinique humaine est loin d’être négligeable, car les individus porteurs d’un risque génétique de cancer colique et qui ont hérité de leurs parents d’une mutation portant sur un APC sont porteurs d’une copie normale du gène. Il apparaît intéressant d’étudier l’effet d’une réduction des contraintes digestives (régime, hydratation, perte de poids…) pour savoir s’il y a un impact sur le développement du cancer.

Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8483