La moitié des tumeurs germinales du testicule sont d’origine familiale

Par
Publié le 10/09/2015

Crédit photo : PHANIE

La tumeur germinale testiculaire est le cancer le plus commun chez les hommes jeunes, avec 18 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en Europe où son incidence a doublé en 40 ans. À ce jour, aucun facteur de risque exogène n’a encore été clairement établi. En revanche, les études épidémiologiques semblent renforcer l’idée d’une forte héritabilité. Des études à l’échelle du génome entier sont d’ailleurs parvenues à identifier des polymorphismes nucléotidiques (c’est-à-dire des variations qui ne touchent qu’un seul nucléotide) associées au développement de tumeurs germinales du testicule.

Deux approches populationnelle et génomique

Dans un article publié dans « Scientific Reports », Kevin Litchfield de l’institut londonien de recherche sur le cancer, et ses collègues, ont utilisé deux approches complémentaires pour évaluer le niveau d’héritabilité de ces tumeurs : une approche populationnelle et une approche génomique. Dans un premier temps, ils ont exploré un registre populationnel suédois comprenant les données de plus de 15 millions d’individus. Ce premier travail a permis d’estimé que, dans 48,9 % des cas, le cancer était d’origine familiale.

Ils ont ensuite procédé à une analyse du génome entier de 922 malades atteints d’un cancer familial et de 4 842 contrôles sains. Les mutations déjà identifiées comme étant liées au cancer des testicules n’étaient impliquées que dans 9,1 % des cas. Dans 37,4 % des cas, l’héritabilité s’expliquait par un polymorphisme nucléotidique connu associé ou non aux tumeurs germinales du testicule dans la littérature.

L’héritabilité mesurée dans l’analyse du génome entier (37,4 %) est inférieure à celle observée dans l’étude populationnelle (48,9 %). « Cette différence correspond aux variants encore inconnus, et souligne le lien encore imparfait entre variants génétiques et pathologie », estiment les auteurs pour qui de nombreux variants génétiques à l’origine du cancer germinal testiculaire restent à découvrir.

Les auteurs précisent que les chromosomes 1 et 3 sont ceux qui portent le plus de loci communs aux patients atteints de tumeur. Ils sont suivis de près par le chromosome 20, pourtant bien plus court que les deux premiers.

L’importance des facteurs environnementaux

Bien que les tumeurs germinales testiculaires aient une héritabilité importante, les facteurs environnementaux jouent également un grand rôle dans le développement de la maladie. Selon le registre suédois consulté par les auteurs, le frère d’un malade a 10,8 fois plus de risque de développer la maladie qu’un individu de la population générale si la différence d’âge est de moins de 5 ans, contre 6,7 fois plus de risque si la différence d’âge est supérieure de 5 ans. « L’exposition au même environnement, y compris in utero, augmente encore plus le risque de tumeur au sein d’une même fratrie », résument les auteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr