Le gène codant pour le récepteur β2 a de nombreux polymorphismes, qui peuvent affecter l’expression de celui-ci. Deux d’entre eux, l’un sur le codon 16 (rs1042713), l’autre sur le codon 27 (rs1042714), ont été très étudiés pour leur impact clinique notamment dans l’asthme, en termes de réponse à la thérapeutique.
Polymorphisme du récepteur β2 et réponse aux β2 agonistes
Les homozygotes glycine sur le codon 16 semblent être plus sensibles aux bronchodilatateurs que ceux de type arginine. Mais les diverses études menées en clinique étaient restées peu concluantes jusqu’à présent. Plusieurs vastes essais n’étaient pas arrivés à mettre en évidence de différence d’efficacité des traitements comprenant un β2 agoniste d’action longue (B2LA), entre les sujets Arg/Arg ou Gly/Gly 16, quand on s’attendait à moins d’efficacité chez les sujets Arg/Arg (1,2).
Ces jours-ci une étude randomisée, l’étude Pact, testant une prescription guidée par le génotypage des patients sur le codon 16 (rs1042713) du récepteur β2 relance les dés. Elle suggère en effet qu’en se fondant sur ce génotypage, on peut améliorer le contrôle de la maladie et la qualité de vie des asthmatiques (3).
Amélioration de la qualité de vie à 1 an dans le bras médecine personnalisée
Cette étude a été menée au Royaume-Uni, elle a recruté près de 250 participants âgés de 12-18 ans auprès de leur médecin généraliste. Tous ces jeunes asthmatiques, sous corticoïdes, ont été randomisés en deux bras. Dans l’un ils étaient pris en charge classiquement (bras témoin). Dans l’autre ils étaient pris en charge en tenant compte de génotype rs1042713, dans une approche de médecine personnalisée : quand dans ce groupe le patient était étiqueté Arg/Arg, au lieu de recevoir en complément du corticoïde un β2 agoniste de longue durée d’action, il était mis sous montelukast, un antileucotriène.
Les jeunes ont été suivis durant 1 an. Le critère primaire est la variation de qualité de vie. Le contrôle de l’asthme, les exacerbations et le recours aux soins constituent les critères secondaires.
La prescription basée sur le génotypage rs1042713 est associée à une meilleure qualité de vie (échelle de 1 à 7) à 1 an des patients. L’évolution de leur qualité de vie est significativement meilleure que celle des patients du bras témoin (0,16 ; [0-0,31] ; p = 0,049). Néanmoins cet écart est en dessous d’une valeur ayant un impact clinique (0,25).
Les sujets homozygotes Arg/Arg ont toutefois largement bénéficié de cette prescription. Quand on se restreint à ces sujets Arg/Arg, l’amélioration de qualité de vie associée à un traitement personnalisé est non seulement significative mais cliniquement intéressante (0,42 ; [0-0,81] ; p = 0,041) par comparaison aux homozygotes traités classiquement.
À noter, ces jeunes étaient globalement bien contrôlés. Le bénéfice chez des sujets moins bien contrôlés pourrait être majoré.
Une première dans l’asthme
Cette étude de traitement personnalisé sur la base du génotype constitue une première dans l’asthme. Elle ouvre des perspectives même si d’autres essais sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de cette stratégie. Sachant au passage que le coût du génotypage, autrefois élevé, est désormais à la portée de toutes les bourses (20 livres dans cet essai).
(1) ER Bleecker et al. Effect of ADRB2 polymorphisms on response to longacting beta2-agonist therapy : a pharmacogenetic analysis of two randomised studies. Lancet 2007 ;370:2118-25
(2) ME Wechsler et al. Effect of beta2-adrenergic receptor polymorphism on response to longacting beta2 agonist in asthma (LARGE trial) : a genotype-stratified, randomised, placebo-controlled, crossover trial. Lancet 2009 ;374:1754-64
(3) ERS 2020. Abstract no : 4617 T Ruffles et al. Effect of controller prescribing according to rs1042713 genotype on asthma related quality of life in young people (PACT) : a randomized controlled trial. Presented in “ALERT : Asthma in adults and children” ERS 2020 ; 8 September 2020
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?