Le Royaume-Uni veut démocratiser le séquençage du génome entier

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Publié le 21/07/2017
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Crédit photo : PHANIE

Prescrire un séquençage du génome comme on prescrit une NFS. C'est en quelque sorte ce que propose le Pr Dame Sally Davies.

Cette hématologue anglaise est Chief Medical Officer, c’est-à-dire principale conseillère médicale du gouvernement de Sa Majesté, et elle veut faire du séquençage un outil de base dans la prise en charge des cancers et des maladies rares.

Ce « rêve génomique », comme elle l’appelle, est la principale recommandation de son rapport annuel présenté récemment. « Nous avons tous droit aux meilleurs soins possibles », écrit-elle dans ce document de 256 pages. La recherche et les services doivent donc être rendus accessibles à tous. » Pour ce faire, elle conseille au gouvernement anglais de sortir de la façon « artisanale » dont le séquençage est actuellement effectué en Angleterre.

Centralisation à l’anglaise

La Chief Medical Officer estime donc qu’il est nécessaire de centraliser les informations sous la houlette d’un Conseil national de la génomique. Celui-ci superviserait le développement d’un réseau national, pour que les services soient accessibles sur tout le territoire. Cette centralisation générerait d’après Sally Davis un double bénéfice : un accès à la médecine de précision pour un nombre accru de patients d’une part, et des avancées thérapeutiques d’autre part.

Les chercheurs pourraient en effet comparer un plus grand nombre de génomes entre eux. L’hématologue précise bien entendu que les patients doivent consentir à ce que leurs génomes soient analysés, et qu’une attention particulière doit être prêtée aux questions de sécurité des données.

La France (un peu) en avance

Le « rêve génomique » de Sally Davis a été salué par l’ensemble du monde de la santé en Angleterre, du patron du NHS au Conseil de la recherche médicale. Mais il semble que pour une fois, les Anglais n’aient pas tiré les premiers. Le rapport de l’hématologue britannique n’est en effet pas sans rappeler un alter ego français, rédigé par le Pr Yves Levy. Le directeur de l’INSERM a en effet remis il y a un an à Manuel Valls un « Plan France génomique 2025 », qui vise notamment à atteindre les 235 000 séquençages par an dès 2020.

Au menu de ce plan : un centre national de calcul intensif, et douze plateformes de séquençage réparties sur l’ensemble du territoire. Différence notable entre la France et l’Angleterre : le plan d’Yves Levy a été assorti d’une enveloppe de 670 millions d’euros. Celui de Sally Davies, en revanche, n’est pour l’instant appuyé par aucun financement. Deux premiers projets de plateformes de séquençage très haut débit à visée sanitaire (SeQOIA et AURAGEN) ont été officiellement sélectionnés par le comité opérationnel interministériel

Adrien Renaud

Source : lequotidiendumedecin.fr