Une étude sur 15 000 naissances dans 33 centres

Risque accru de malformations après PMA

Publié le 16/06/2010
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Crédit photo : PHANIE

L’ÉTUDE est la plus importante jamais réalisée sur le sujet. Menée par une équipe française de la maternité de l’hôpital Port-Royal (Paris), le Dr Géraldine Viot et coll., dans 33 centres de PMA, soit environ le tiers des centres agréés en France, elle a inclus les 15 162 enfants qui y sont nés entre 2003 et 2007. Les questionnaires, complétés à la fois par les pédiatres et par les parents, ont permis d’évaluer la prévalence des malformations congénitales et de la comparer aux données de la population générale observées à partir des registres nationaux disponibles et des études antérieurement publiées.

« Nous avons constaté des cas de malformations congénitales majeures chez 4,24 % des enfants », a annoncé le Dr Viot. Un taux plus élevé que les 2-3 % attendus au vu des données de la prévalence en population générale. L’augmentation est en partie due « à un excès de maladies cardiaques et de malformations du système urogénital, observé surtout chez les garçons ». En dépit du surrisque observé, les résultats de l’étude française sont en deçà de la prévalence retrouvée dans d’autres études antérieures, dont certaines estimaient à 11 % le taux de malformations graves après PMA. Vu la taille de l’échantillon, il est probable qu’ils soient statiquement plus proches de la réalité, comme l’a d’ailleurs fait remarquer le Dr Viot.

Informer les médecins.

L’étude a aussi mis en évidence une hausse de la prévalence de certaines malformations mineures. Les cas d’angiomes sont cinq fois plus nombreux que dans la population générale, ces tumeurs des petits vaisseaux affectant surtout les filles, deux fois plus touchées que les garçons.

Sachant que « 200 000 enfants sont nés en France d’une PMA », une telle prévalence des malformations constitue un problème de santé publique. « Il est important d’en informer tous les médecins mais aussi les responsables politiques », a souligné la généticienne. « À l’heure où l’infertilité progresse et où de plus en plus de couples ont recours à la PMA pour avoir des enfants, il est d’une importance vitale que nous déterminions les causes des malformations, non seulement pour tenter d’empêcher leur survenue mais aussi pour aider les services de santé à évaluer et planifier les futurs besoins des enfants », a-t-elle ajouté.

L’origine des malformations reste inconnue. L’âge des parents ne semble pas un facteur déterminant, leur âge moyen étant identique dans le groupe des enfants ayant une malformation et dans celui des enfants indemnes. « Des recherches sont encore nécessaires », précisent le Dr Voit, notamment pour mieux comprendre les liens entre la survenue des troubles et différents facteurs intervenant dans une PMA : le milieu de culture embryonnaire, le moment du transfert des embryons, le recours à une ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïdes), la congélation de gamètes et d’embryons.

Anomalies de l’empreinte.

Dans une prochaine étape, les chercheurs vont analyser les données de 4 000 autres enfants nés après une PMA en 2008 et vont continuer à suivre les enfants nés en 2003 âgés aujourd’hui de 7 ans. De même, les causes de l’infertilité des parents de chacun des enfants nés avec une malformation majeure vont être déterminées afin de faire la part de ce qui revient à la technique elle-même ou à une anomalie génétique héritée des parents dans la survenue des malformations congénitales. « Nous savons déjà que les anomalies de l’empreinte parentale, mécanisme par lequel l’expression des gènes dépend de son origine maternelle ou paternelle, sont clairement plus fréquentes dans notre cohorte que dans la population générale », a indiqué la généticienne. Ces anomalies de l’empreinte sont à l’origine de plusieurs maladies parmi lesquels le rétinoblastome et le syndrome de Beckwith-Wiedemann – syndrome de croissance excessive associant une macrosomie, une macroglossie, une viscéromégalie et des anomalies de développement. « La prévalence du syndrome de Beckwith-Wiedemann est 6 fois plus importante dans notre cohorte que dans la population générale, et celle du rétinoblastome 4 fois plus élevée », a encore précisé le Dr Viot.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8791