VOILÀ DE QUOI relancer un débat en France qui n’était pourtant pas clos après une quinzaine d’années de discussions. La place du test HPV (Human Papillomavirus) dans le dépistage primaire du cancer du col de l’utérus pourrait être réexaminée, au vu des résultats d’une étude française sur un nouveau test HPV plus performant. « C’est une réponse au manque de spécificité du test HPV classique, explique au « Quotidien » le Dr Joseph Monsonégo, premier auteur de l’étude et chef du département de colposcopie à l’Institut Fournier. Ce nouveau test basé sur la détection de l’ARN, et non sur l’ADN viral, présente les avantages à la fois du test HPV et de la cytologie, sans les désavantages ni de l’une ni de l’autre méthode. Contrairement au test ADN, qui alertait abusivement, la spécificité du test ARN s’est révélée identique à celle de la cytologie en phase liquide ». Comme le test ADN,il s’agit d’un test « cocktail », l’APTIMA HPV Assay (AHPV) identifiant la présence de 14 types viraux à risque oncogène en même temps. Malgré cela, un résultat positif s’est avéré être davantage en rapport avec une lésion précancéreuse qu’avec une infection transitoire.
Spécifique chez les moins de 30 ans
C’est la première fois que ce test ARN est évalué dans le dépistage primaire. Les résultats se sont révélés concluants dans une cohorte représentative de la population française. Dix-sept centres privés gynécologiques parisiens ont ainsi inclus 5 000 patientes âgées de 20 à 65 ans. À l’aide d’un prélèvement cervical, une cytologie en phase liquide, un test ADN et un test ARN étaient réalisés. Une colposcopie était demandée en cas de frottis ASCUS ou de test HPV positif. La sensibilité du test ARN à détecter des CIN3 est de 97 %, identique à celle du test ADN, alors qu’elle n’est que de 76 % pour la cytologie. Quant à la spécificité, elle est passée de 85 % pour le test ADN à 91 % pour l’ARN, c’est-à-dire identique à celle de la cytologie en phase liquide.
Élément de taille, le test était aussi performant chez les jeunes patientes de moins de 30 ans. Il est en effet reproché au test ADN de détecter des infections transitoires chez les plus jeunes, qui auraient guéri spontanément. « Pour la première fois, un test fait beaucoup mieux que la cytologie chez les moins de 30 ans », souligne le Dr Monsonégo. L’une des forces de l’étude est d’avoir calculé les performances avec des chiffres corrigés. Pour s’affranchir d’un biais de vérification, une colposcopie avec biopsie a ainsi été réalisée dans un groupe choisi au hasard (14 %) ayant une cytologie normale et des tests HPV négatifs. Avec une colposcopie comme examen de référence, la comparaison entre les trois tests était valide.
Une option à envisager
Le test HPV est aujourd’hui utilisé pour trier les patientes ayant un frottis ASCUS et identifier celles nécessitant une colposcopie. Actuellement, il n’est pas recommandé en Europe dans le dépistage primaire du cancer du col de l’utérus, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis, où il peut être demandé en association avec la cytologie chez les femmes de plus de 30 ans. Le test HPV présente plusieurs avantages, à commencer par sa très grande sensibilité. « Si l’incidence du cancer du col de l’utérus est faible, d’environ 9 cas pour 100 000, c’est 1 000 décès par an totalement évitables », explique le Dr Monsonégo. Certes 40 % des femmes échappent au dépistage et/ou ne le réalisent pas à des intervalles réguliers, mais il existe près de 1 200 cas de faux-négatifs avec la cytologie. De plus, « un test HPV négatif permettrait d’espacer les dépistages en toute sécurité à plus de 3 ans », suggère le spécialiste, comme en attestent des études de suivi à 5, voire 8 ans. Le test AHPV coûte environ 33 euros, contre 17-18 euros pour un frottis. La recherche d’ARN viral, isolée ou associée à la cytologie, pourrait être une option dans le dépistage primaire du cancer du col de l’utérus. D’autres tests sont en cours de développement, comme le génotypage 16 et 18 ou le marqueur moléculaire p16. Affaire à suivre…
Int J Cancer, publication en ligne du 12 octobre 2010. DOI: 10.1002/ijc.25726.
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