Biopsie liquide dans le cancer de la prostate avancé

Une analyse de l’ADN prédit la résistance à l’abiratérone

Publié le 05/11/2015
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Crédit photo : PHANIE

Les patients souffrant d’un cancer métastatique de la prostate répondent dans un premier temps à une thérapie de suppression des androgènes, hormones stimulant la croissance du cancer de la prostate. Cependant, après un délai variable, une rechute survient généralement, avec l’émergence d’un cancer de la prostate résistant à la castration (CPRC).

Des agents tels que l’abiratérone ou l’enzalutamide, qui ciblent le récepteur androgène, sont alors efficaces, induisant une régression tumorale et améliorant la survie, mais ce sursis ne dure que typiquement un an, et la résistance du CPRC à ces agents conduit au décès des patients.

Une meilleure compréhension des événements moléculaires qui sous-tendent la résistance du CPRC aux agents comme l’abiratérone pourrait pointer vers de nouvelles cibles thérapeutiques et identifier des marqueurs pouvant guider la décision thérapeutique. Une équipe dirigée par Francesca Demichelis, de l’université de Trento en Italie et du Weil Cornell Medicine a New York, et par Gerhardt Attard, de l’Institut de recherche sur le cancer de Londres, a fait un pas dans cette voie de médecine de précision.

Biopsie non-invasive

Ils ont utilisé l’approche de biopsie liquide, bien moins invasive que les biopsies tumorales, afin de détecter les quelques fragments d’ADN tumoral circulant librement dans le sang. Ils ont étudié 97 patients souffrant d’un cancer de la prostate résistant à la castration (CPRC) qui allaient débuter un traitement par abiratérone. Certains avaient déjà reçu un autre traitement pour leur CPRC, par docétaxel (84 %) ou par de nouveaux agents ciblant le RA, tels l’enzalutamide ou l’orteronel (30 %).

Ils ont développé une approche de séquençage nouvelle génération pour analyser le gène du récepteur androgène (RA) au sein de l’ADN tumoral détecté dans 274 échantillons sanguins prélevés avant et durant le traitement par abiratérone.

Les chercheurs ont découvert que les patients qui hébergent des anomalies spécifiques du gène RA (45 %) avant de débuter le traitement par abiratérone – à savoir un nombre accru de copies ou les deux mutations ponctuelles T878A ou L702H – sont 5 fois moins susceptibles de présenter une baisse significative (supérieure ou égale à 50 %) des PSA comparés aux hommes porteurs du gène RA normal. En outre, ces patients porteurs d’anomalie du RA ont de moins bonnes survies globale et sans progression.

« L’état du gène RA pourrait être prédictif de la résistance à l’abiratérone, concluent les auteurs. Ces patients pourraient être sélectionnés pour d’autres traitements comme la chimiothérapie ou des médicaments radiopharmaceutiques ». De plus, des associations similaires pourraient aussi s’observer pour d’autres médicaments ciblant le RA, comme l’enzalutamide. « Ces données nécessitent maintenant d’être validées prospectivement dans des études cliniques randomisées ».

Dr Véronique Nguyen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9447