Un gène d’un récepteur du HDL cholestérol

Une mutation cause de certaines infertilités féminines

Publié le 20/05/2011
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C’EST À partir de travaux menés chez la souris qu’a pu être identifiée une nouvelle cause d’infertilité féminine. Elle est attribuée à une mutation du gène SCARB1 (Scavenger Receptor Class B type 1), impliqué dans le métabolisme du HDL cholestérol et de ce fait dans la production de progestérone.

Anabelle Fernandez et son équipe de l’université Johns Hopkins (Baltimore) avaient déjà constaté, chez l’animal de laboratoire, que l’absence provoquée du récepteur SCARB1 les conduisait à une stérilité. Leur hypothèse a donc été de rechercher une cause similaire chez des femmes infertiles. D’autant qu’un traitement semblait être efficace chez les rongeurs, un hypolipémiant.

Entre novembre 2007 et mars 2010 les chercheurs ont enrôlé 274 patientes âgées de 36,4±4,6 ans. Toutes étaient suivies pour une infertilité et allaient être incluses dans un protocole de FIV. L’objectif était de prélever chez elles du liquide folliculaire et des cellules de la granulosa. Puis un séquençage de l’ADN devait rechercher 5 polymorphismes d’un seul nucléotide (SNP) du gène SCARB1, une mesure du taux de progestérone était également réalisée sur le liquide folliculaire.

Une insémination a été réalisée chez 207 de ces patientes, après fécondation in vitro. Le critère de succès était l’existence d’un sac ovulaire ou de battements cardiaques au 42e jour. Deux ordres de conclusions ont été tirés.

Malgré une supplémentation hormonale.

La première est directement liée à la fécondation. Neuf des femmes enrôlées ont connu un échec de l’insémination, toutes étaient porteuses d’une mutation de SCARB1. Malgré une supplémentation hormonale elles avaient un taux insuffisant de progestérone.

La seconde conclusion se veut plus générale. Il s’agit des données du séquençage chez toutes les participantes, qui laisse entrevoir à A. Rodriguez et coll qu’une mutation de SCARB1 pourrait exister chez environ 8 à 13 % de la population.

Les résultats sont fournis en fonction des origines ethniques, car la fréquence des divers SNP de SCARB1 varie significativement entre les groupes. Pour la totalité de la cohorte, celles qui étaient homozygotes pour l’allèle mineur du SNP rs5888 avaient un taux de progestérone folliculaire supérieur à celui des homozygotes pour l’allèle majeur. Parmi les femmes caucasiennes (55 %, n = 152) celles qui avaient l’allèle mineur A du SNP rs4238001 avaient une progestérone folliculaire inférieure aux homozygotes pour l’allèle majeur G. Dans ce groupe, le taux hormonal s’est montré fortement prédictif de l’existence d’un SNP rs4238001. Sur la totalité du groupe, les femmes porteuses de l’allèle mineur de ce SNP ont connu un échec de l’insémination. Parmi les femmes afro-américaines (25 %, n = 68), enfin, l’absence d’évolution de la grossesse a été attribuée à une autre SNP, rs10846744.

Quant à une possibilité thérapeutique, elle pourrait exister sous la forme d’un ancien hypolipémiant, le probucol, retiré du commerce aux États-Unis en raison de ses effets secondaires. Toutefois il a restauré la fertilité des souris génétiquement modifiées.

Dès lors A. Martinez et son équipe envisagent la mise en place d’un essai clinique chez des femmes infertiles. Les chercheurs se demandent si la mesure du taux de HDL et la recherche de la mutation chez des femmes infertiles pourraient fournir des indicateurs précoces de la cause de leur stérilité.

Human Reproduction, doi10.1093/humrep/der124.

Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8967