La mucoviscidose se métamorphose

Une révolution protéique

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Publié le 19/12/2016
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La mucoviscidose touche près de 70 000 personnes dans le monde, dont 6 500 en France où il existe 47 centres de ressources et de compétences de la mucoviscidose (CRCM).

La maladie est due à des mutations du gène CFTR. Celles-ci sont au nombre de 2000, réparties en 6 classes : les mutations de classes 1, 2 et 3 qui entraînent des formes sévères de la maladie, et les mutations de classe 4, 5 et 6, qui entraînent des formes modérées. Les mutations de classe 1 provoquent un arrêt prématuré de la production de la protéine CFTR ; pour les mutations de classe 2, la molécule est mal repliée et donc dégradée ; en classe 3, la protéine ne fonctionne pas, alors que dans les classes 4, 5 et 6, la protéine est présente mais en faible quantité ou fonctionne mal. Les progrès réalisés dans les traitements permettent une augmentation de l'espérance de vie des patients : dans les années soixante, celle-ci était au alentour de 5 ans, pour 40 ans aujourd'hui. La priorité réside dans le développement de traitements pour les formes les plus sévères.

La thérapie génique, un espoir

Un premier espoir repose sur la thérapie génique, qui vise à agir directement sur le gène défectueux, et concernerait donc tous les patients, quelle que soit leur mutation. Cependant, aujourd'hui encore, trop peu d'avancées sont constatées. Actuellement, la piste la plus prometteuse, est celle des traitements dits protéiques, qui agissent sur la protéine CFTR. La molécule ivacaftor (Kalydeco, Vertex) vise à activer la protéine CFTR, présente mais non fonctionnelle. L'ivacaftor permet une amélioration importante du VEMS (10 points) et une diminution des exacerbations respiratoires dès 15 jours, améliorant ainsi la qualité de vie des patients. Cependant, cette molécule agit seulement sur les mutations de type 3, qui concerne moins de 5 % des patients. Par ailleurs, son coût est de 250 000 euros/an par patient. L'association Orkambi (Vertex), composée de lumacaftor et d'ivacaftor, agit sur les mutations delta F508, de classe 2 : si elle ne permet d'obtenir qu'une amélioration modeste du VEMS (3 %), elle entraîne une baisse très importante des exacerbations respiratoires, avec une diminution de près de 60 % des événements responsables d'hospitalisation. Cette mutation concerne 70 % des patients et 50 % en ont deux copies. Cette association, commercialisée depuis juillet 2015 aux États-Unis pour un coût de 250 000 dollars/an, est désormais disponible en ATU de cohorte depuis novembre 2016 en France. Deux patients à Trousseau en bénéficient. Concernant les mutations de classe 1, l'ataluren (Translarna) permet une amélioration de seulement 3 % du VEMS, résultats équivalents à ceux de la thérapie génique.

Dr Brigitte Vallois
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Source : Le Quotidien du médecin: 9544