Organiser sous forme présentielle un congrès d’infectiologues était un vrai challenge et a suscité de nombreuses interrogations et réflexions. Au plan épidémiologique nous avons tous suivi à la fin du mois d’août et surtout dans les premiers jours de septembre l’évolution inquiétante du nombre de cas de COVID-19 dépistés pour la plupart en ville et chez des sujets jeunes. Cependant dans le même temps nous notions une augmentation certaine mais plus lente du nombre de patients hospitalisés dans les services de médecine et de réanimation. La situation n’avait donc rien de comparable avec ce que nous avons connu en mars et avril derniers.
Les infectiologues ont été en 1re ligne pour la prise en charge des patients en milieu hospitalier. Leur mobilisation est également très importante pour la gestion des clusters et la gestion des centres de dépistage dans les établissements de santé. Il fallait donc avoir la possibilité de mobiliser certains sans priver les structures de soins de ressources médicales. La situation nous semblait répondre à cet impératif.
Pourquoi choisir de maintenir un congrès sous forme présentielle ? Nous avions un réel besoin de nous retrouver pour nous former, échanger, débattre et accorder nos pratiques dans le domaine de la Covid-19 mais également pour la prise en charge de nombreuses autres maladies qui n’ont pas disparu avec l’arrivée de ce nouveau virus. Les échanges sous forme présentielle sont d’une qualité toujours supérieure à ce que nous pouvons obtenir à distance.
C’est pourquoi nous avons discuté et écouté les arguments de chacun et nous avons décidé de maintenir ces JNI sous forme présentielle. Cette démarche était en accord avec les mesures gouvernementales actuelles et l’idée que nous devons désormais apprendre à vivre avec ce virus. Nous en avons informé le ministère de la Santé et les autorités de la Vienne et de la région Nouvelle Aquitaine.
Visite du site par un praticien hygiéniste
Pour autant personne n’a ignoré les risques potentiels mais tout a été fait pour les réduire autant que possible. En amont du congrès les participants ont reçu un message leur indiquant que le port du masque serait obligatoire pendant toute la durée du congrès et leur précisant les différentes mesures mises en place. Une visite sur le site du Palais des congrès a été réalisée en présence d’un praticien hygiéniste afin de valider et expliquer les précautions mises en place auprès du personnel du Palais des congrès.
Ces mesures sont allées au-delà des recommandations concernant les zones « vertes ». Les parcours ont été tracés afin d’éviter les croisements et mouvements de foule. La capacité des salles et amphithéâtres a été réduite de moitié et la règle de 1 siège/ 2 laissé libre a été respectée. Les protocoles de nettoyage et désinfection ont été renforcés. Des distributeurs de SHA ont été installés à l’entrée de chaque salle, sur chaque pupitre et des hôtesses se sont assurées que chaque congressiste réalisait une friction de SHA avant l’entrée dans les salles. Nous remercions les partenaires (Laboratoire La Roche Posay, LVMH et les produits Guerlain et le laboratoire Annios) qui nous ont fourni les flacons nécessaires. Les partenaires de l’industrie ont reçu une information concernant les recommandations de distanciation et il leur a été demandé de limiter le nombre de présents sur leurs stands. Des messages de prévention ont été diffusés pendant toute la durée du congrès.
Le risque de transmission est surtout important lorsque les congressistes retirent leurs masques pour se restaurer. La météo clémente nous a permis de multiplier les points de distribution des paniers repas et de les installer à l’extérieur afin d’éviter tout regroupement sans masque en milieu confiné. Bien évidemment, tous les moments de convivialité prévus en dehors des sessions scientifiques ont été annulés.
Les mesures d’hygiène mais surtout l’adhésion totale des congressistes à l’ensemble des recommandations nous ont permis de tenir ces journées si importantes pour notre discipline et pour la prise en charge des patients dans des conditions sanitaires satisfaisantes. Quatre semaines après ce congrès, aucun cluster n’a été identifié à ce jour. C’est un message important que la collectivité des infectiologues a adressé : nous devons apprendre à vivre dans le strict respect des mesures de distanciation et le port du masque et l’hygiène des mains restent la pierre angulaire de la lutte contre la transmission du SARS-Cov2.
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