L’utilisation du préservatif et le dépistage se révèlent aujourd’hui insuffisants pour contrôler les infections sexuellement transmissibles (IST). « L’élargissement des indications de la prophylaxie pré-exposition au VIH (Prep) avait pu faire craindre une augmentation des IST. Une étude du Jama a montré qu’il n’y en a pas plus chez les “prepeurs”. C’est au contraire une opportunité : les consultations pour Prep permettant d’aborder la prévention, le dépistage et le traitement des IST », explique Ndeindo Ndeikoundam, coordonnateur du programme IST à Santé publique France.
La Prep est autorisée depuis 2016. Au 30 juin 2019, près de 20 500 personnes en avaient initié une, à 90 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Ce traitement préventif du VIH repose sur une bithérapie antirétrovirale (disoproxil/emtricitabine) prise en continu ou à la demande, hors AMM (lire encadré). Elle s’est révélée extrêmement efficace (études Ypergay, Prevenir) et a permis une baisse des contaminations spectaculaire chez les HSH dans les grandes villes occidentales.
Les effets secondaires, comme les troubles digestifs, sont généralement de courte durée, mais il faut surveiller le risque de déminéralisation osseuse et d’atteinte rénale, réversibles à l’arrêt du traitement.
Les Cegidd saturés
« Les consultations pour la primoprescription en Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) ou à l’hôpital sont saturées. On attend impatiemment l’élargissement des prescriptions à la médecine de ville, alerte le Dr Thibaut Jedrzejewski (Le 190, Centre de santé sexuelle, Paris). Les indications sont précisées par les recommandations de la HAS (1) soit essentiellement les HSH, mais on tend à les élargir aussi aux hommes et aux femmes nés dans les pays où le taux de contamination par le VIH est important et toutes les situations à risque de pénétration non protégée. »
La consultation initiale est souvent longue, puisqu’il faut évaluer le risque de contamination par le VIH (pays de naissance, pratiques sexuelles) et prendre en compte la santé globale, santé mentale, usage de drogues, situation sociale, etc.
Un premier bilan biologique dépiste les IST (sérologie VIH, hépatites, syphilis, Chlamydia, gonocoques) et évalue la fonction rénale. On propose la vaccination anti-VHB, VHA et HPV.
La Prep sera suivie par des bilans de la fonction rénale et du dépistage des IST à un mois puis tous les trois mois.
Session Santé sexuelle : Prep, IST, réduction des risques, co-organisée avec Santé publique France
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