L'ONUSIDA appelle à la solidarité mondiale à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH le 1er décembre. Alors que les femmes africaines font partie des populations parmi les plus vulnérables à l'infection VIH, comme le déplore l'organisation internationale, comment parvenir à les protéger ? Autorisé en Europe depuis octobre dernier, le cabotégravir, ce traitement antirétroviral injectable à longue durée d'action, se révèle être un bon candidat pour une utilisation en prophylaxie pré-exposition (PrEP) en Afrique subsaharienne.
Mené par le réseau des essais de prévention du VIH (HIV Prevention Trials Network) et financé par l’institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) américain, la fondation Bill et Melinda Gate ainsi que les laboratoires ViiV Healthcare et Gilead, l'essai HPTN 084 a porté sur 3 223 femmes cisgenres hétérosexuelles d'Afrique du Sud, du Botswana, du Kenya, du Swaziland, du Malawi et du Zimbabwe.
Un peu plus tôt dans l'année, un autre essai HPTN 083 mené par le même consortium avait déjà démontré la supériorité du cabotégravir longue durée d'action en formulation injectable sur l'association emtricitabine/ténofovir en prise orale.
Ici, la moitié des femmes a reçu une injection de cabotégravir toutes les huit semaines, tandis que l'autre recevait une dose orale quotidienne de Truvada. À l’origine, l'étude était conçue pour durer jusqu'en 2022, mais compte tenu des résultats intérimaires, les promoteurs ont décidé d'arrêter l'essai de façon anticipée et de mettre toutes les femmes sous cabotégravir injectable.
Une population jeune et à haut risque d'infection
Les participantes à l'essai étaient jeunes, plus de la moitié avait moins de 25 ans, et 82 % d’entre elles ne vivaient pas avec un partenaire. Les femmes recrutées étaient à haut risque de VIH : 55 % avaient eu au moins deux partenaires différents au cours du mois écoulé et 34 % affirmaient en avoir eu un séropositif pour le VIH ou dont le statut n'était pas connu.
Un total de 38 infections par le VIH était à déplorer aux cours du suivi, mais le risque était neuf fois moins élevé dans le groupe cabotégravir (quatre infections, soit un taux d'incidence de 0,21 %) que dans le groupe Truvada (34 infections, soit un taux d'incidence de 1,79 %).
Ces résultats ont été qualifiés d'« extrêmement important » par la directrice de l'ONUSIDA, Winnie Byanyima. Cela fait en effet longtemps que le programme onusien appelle de ses vœux un moyen acceptable et efficace de prévenir l'infection par le VIH chez les femmes en Afrique subsaharienne, « et ces données pourraient véritablement changer la donne », se réjouit Winnie Byanyima.
L'ONUSIDA envisage maintenant la prochaine étape : s'assurer que le traitement sera suffisamment abordable pour être largement employé dans les pays africains comme moyens de prévention des jeunes femmes à risque d'infection.
Les formes injectables, mieux employées
Aux États-Unis, en France (étude IPERGAY), au Royaume-Uni (étude PROUD), la PrEP fondée sur une thérapie antirétrovirale orale a fait ses preuves, mais ce n'était pas le cas en Afrique Subsaharienne, en butte à des problèmes d'observance. Ainsi, en 2011, l'essai FEM-PrEP, portant sur 1 951 femmes séronégatives kenyanes, tanzaniennes et sud-africaines avait dû être stoppé. La moitié des femmes recrutées recevait de manière quotidienne du Truvada et l'autre était dans un groupe placebo. Les promoteurs de l'étude ont décidé de mettre fin à l'étude après avoir constaté un taux de contamination de 5 % dans les deux bras.
« Nous savons que l'adhérence à une prise orale quotidienne peut être problématique, rappelle la Dr Sinead Delany-Moretlwe, de l'institut Wits de santé reproductive et VIH à Johannesbourg et principale investigatrice de l'étude. Un traitement injectable efficace tel que le cabotégravir à longue durée d'action est un nouvel outil de prévention très important. »
Des travaux sont également en cours pour explorer l'utilisation du cabotégravir dans la prophylaxie pré-exposition d'autres populations à risque par rapport au Truvada oral : les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) mènent en ce moment une étude comparative sur 4 570 hommes et femmes transgenres ayant des relations sexuelles avec des hommes. Ce travail devrait apporter des réponses à l'horizon 2022.
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