Vacciner en cas de SEP ?

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Publié le 26/03/2021
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Le suivi des patients atteints d'une sclérose en plaques (SEP) est plutôt rassurant : ils ne présentent pas de surrisque d'infection sévère ou de décès et peuvent se faire vacciner.
Les patients sous anti-CD20 font partie des prioritaires à la vaccination

Les patients sous anti-CD20 font partie des prioritaires à la vaccination
Crédit photo : Phanie

En mars 2020, la question des populations à risque face au Covid-19 s’est posée et le cas des malades traités par immunosuppresseurs a suscité des interrogations légitimes. « Comme l’Alsace a été rapidement confrontée au Covid-19 avec la région parisienne, nous avons mis en place un travail de registre pour voir comment se comportaient nos patients atteints d’une SEP, au regard de cette épidémie », explique le Pr Jérôme de Sèze (CHU de Strasbourg).

Pas de surrisque d’infection grave

Il y a eu moins de patients hospitalisés qu’attendu, ceux atteints de SEP ne faisant pas de forme plus grave de Covid-19. « Nous avons retrouvé les mêmes facteurs de risque que dans la population générale, à savoir l’âge supérieur à 65 ans, les comorbidités et un fort niveau de handicap, mais pas de surmortalité liée au seul fait d’avoir une SEP », résume le Pr de Sèze. Ce registre a également permis de retrouver un effet protecteur de l’interféron et dans une moindre mesure, de l’acétate de glatiramère (Copaxone). Ce n’est pas très étonnant. Dans l’étude Discovery, coordonnée par l’Inserm, qui a testé l’efficacité de quatre traitements contre le SARS-CoV-2, le groupe sous interféron paraissait déjà comme étant protégé vis-à-vis des formes sévères de la maladie et notamment contre l’emballement inflammatoire de l’infection.

À l’inverse, une catégorie de médicaments semble exposer à un très léger surrisque d’infection sévère au Covid-19 (risque relatif de 2), sans plus de décès : il s’agit des anti-CD20 (rituximab, ocrélizumab) en raison d’une action sur le lymphocyte B et d’une limitation de la sécrétion des anticorps protecteurs. « Nous avons obtenu que nos patients traités par anti-CD20 fassent partie de ceux à vacciner en priorité. En revanche, il n’y a aucune indication à suspendre leur traitement pour éviter une éventuelle infection au SARS-CoV-2, la balance bénéfice/risque restant très positive. Nous ne voulons pas prendre de risque de réactivation de la SEP, ce qui serait autrement plus grave que le Covid-19. En effet, 83 % de nos patients qui ont eu cette infection, n’ont pas eu besoin d’être hospitalisés ».

Des recommandations favorables à la vaccination

S’est posée la question de savoir si la vaccination était aussi efficace chez les patients traités par immunosuppresseurs, que dans le reste de la population générale. Dans les essais menés avec les vaccins actuellement disponibles, il n’y a pas eu de sous-groupe SEP. « Néanmoins, l’expérience du vaccin de la grippe dans cette sous-population, est rassurante. On note bien une diminution du taux d’anticorps produits, mais cela reste à un niveau protecteur ». L’étude nationale Cov-Popart doit débuter avec le soutien du réseau national des vaccinations, sur des sous-groupes de patients à risque, dont ceux atteints de SEP. L’objectif est de vérifier si malgré leur traitement immunosuppresseur, ces patients répondent aussi bien à la vaccination et à des taux suffisamment protecteurs. Cette étude multicentrique qui va durer six mois, devrait inclure environ 700 patients avec une SEP et permettre d’en savoir plus sur la durée de l’immunogénicité post-vaccinale.

Dr Nathalie Szapiro

Source : Le Quotidien du médecin