Trois questions posées à Isabelle Gautier, psychiatre

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Publié le 11/12/2017
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Isabelle Gautier

Isabelle Gautier
Crédit photo : DR

Quelle coordination entre médecins du travail et psychiatres aujourd’hui ?

 

Isabelle Gautier* : Comme les médecins du travail, nous constatons une recrudescence des risques psychosociaux notamment depuis ces 10 dernières années. Nous psychiatres intervenons forcément, car le harcèlement, c’est d’abord une histoire de domination et de soumission à bas bruit au quotidien. Les médecins du travail les orientent utilement vers nous pour aider ces salariés à contourner ou sortir de ces difficultés particulièrement nuisibles pour la santé.

 

Quels sont les signaux d’alerte ?

 

IG : Le médecin du travail est en mesure de dépister ce niveau de stress bien particulier. Une sorte d’angoisse accentuée par une hypersensibilité. Je conseille par exemple de se méfier de ceux qui somatisent. Cela a du sens notamment chez les salariés qui subissent des remarques blessantes et désobligeantes, de façon à la fois inexpliquée et répétée. Cette spirale de somatisation à répétition aboutit à des conduites d’évitement. Des symptômes qui doivent immédiatement alerter les médecins du travail.

 

Quelle est la valeur ajoutée des médecins du travail ?

 

IG : Ces signes traumatiques leur permettent de poser très rapidement les bonnes questions. Les travailleurs souffrent-ils de troubles du sommeil ou de l’appétit ? L’enfermement familial fait aussi partie des paramètres à prendre en compte et la proximité qu’ils ont avec les salariés est irremplaçable. Le temps de cet échange dans le cadre de l’emploi est fondamental et les médecins du travail ont cette qualité d’écoute qui peut aussi éviter des drames.

 

* Présidente de l'Association française des femmes médecins.


Source : Le Quotidien du médecin: 9624