De plus en d’actes confiés à d’autres professionnels

Délégation de tâche, une libération du temps médical

Par
Publié le 03/02/2020
Article réservé aux abonnés
La liste des actes jusqu’ici pratiqués par les médecins et qui devraient être confiés à d’autres professionnels de santé ne cesse de s’allonger. Globalement les médecins généralistes sont plutôt réticents, mais certains y voient une opportunité de se recentrer sur le cœur du métier, et dégager du temps pour la prise en charge de leurs patients.
Libérer du temps médical

Libérer du temps médical
Crédit photo : Phanie

La vaccination antigrippale peut désormais être effectuée par les pharmaciens et par les infirmiers sans prescription médicale. La contraception d’urgence peut être délivrée par des non-médecins, et la contraception hormonale renouvelée par le pharmacien. Les infirmières en pratique avancée (IPA) pourront renouveler ou adapter des prescriptions et dans certaines conditions réaliser des actes techniques sans ordonnance. La réalisation des TRODs angines par les pharmaciens a été repoussée, mais elle devrait entrer en vigueur au printemps. Un amendement porté par le Dr Thomas Mesnier, député et rapporteur de la loi devrait amener à autoriser la délivrance de certains médicaments directement en pharmacie sans prescription médicale pour des pathologies simples. Le traitement de cystites aiguës, de conjonctivites, de rhinites ou de certaines angines a été évoqué. Et ce n’est pas fini, puisque pour la traumatologie bénigne, l’accès direct au kinésithérapeute pour la traumatologie bénigne pourrait aussi être adopté.

37 % de médecins favorables

Il est bien précisé que la délivrance des traitements directement par les pharmaciens ou les IPA se fera « dans le cadre d’un exercice coordonné » et « selon des protocoles établis par la HAS ». L’objectif des autorités de santé, optimiser du temps médical, favoriser l’accès aux soins, lutter contre les déserts médicaux et réduire les dépenses ! « Ces « remèdes » constituent des réponses ponctuelles symptomatiques, des micro-actions qui ne peuvent compenser l’absence de vision globale de l’optimisation du système de santé », déplore le Dr Olivier KANDEL.

Et ils n’emportent pas vraiment l’adhésion des médecins. Dans un sondage réalisé par Callmedical entre le 5 avril et le 3 mai 2019 pour le Généraliste et le Quotidien du Pharmacien auprès de 1 066 pharmaciens d’officine et 1 066 médecins généralistes, si les pharmaciens sont favorables à 90 % à la dispensation protocolisée, ce n’est le cas que pour 37 % seulement des médecins traitants, les jeunes installés se montrant toutefois plus favorables que leurs aînés.

Éducation nécessaire

Pourtant, c’est dans l’air du temps, puisque des tâches qui incombaient aux gynécologues médicaux ou aux pédiatres ont été déléguées aux sages-femmes ou aux puéricultrices. Et l’on désengorgerait plus que certainement les consultations d’ophtalmologie, si comme dans les autres pays européens on déléguait aux opticiens les bilans pour lunettes ou leur renouvellement. « Je considère plutôt comme positif le fait de déléguer certaines tâches à des professionnels plus adaptés, si cela peut libérer du temps médical, note le Dr Kandel. Il y aurait tout un tas de « niches » d’optimisation du système qui simplifieraient les choses. Surtout dans la situation actuelle où les consultations des médecins généralistes sont débordées, il n’est pas logique qu’on vaccine ou qu’on traite des rhumes. Il faut déjà éduquer nos patients pour qu’ils ne consultent pas systématiquement pour une rhino, mais c’est aussi les médecins qu’il faudra éduquer à cette délégation de tache ».

 

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin