Quel a été l’impact des études conduites à partir du début des années 1990, dans les villes de Fleurbaix et Laventie ? Quels enseignements a-t-on pu en tirer dans les programmes actuels de prévention de l’obésité infantile ? La Pr Monique Romon, chef du service de nutrition du CHU de Lille, est certainement une des mieux placées pour répondre à ces questions. Elle a en effet suivi de près ce programme de santé publique lancé en 1992 dans le nord de la France. « En fait, il faut préciser que cette action, au départ, ne visait pas à lutter contre l’obésité infantile. Elle a été lancée à l’initiative du Dr Jean-Michel Borys qui, s’inspirant de certaines études menées aux États-Unis, voulait voir s’il était possible de modifier les comportements alimentaires des familles par des actions de sensibilisation dans le cadre scolaire », explique la Pr Romon.
Ce programme pilote d’intervention a été conduit dans deux villes, Fleurbaix et Laventie, qui comptaient au total 6 600 habitants. Deux autres villes voisines ont été choisies pour servir de témoins. Dans le cadre de la première étude, une éducation nutritionnelle a été conduite dans les écoles par les enseignants, avec l’appui de généralistes. Dans un second temps, le programme s’est poursuivi autour d’une large mobilisation communautaire. « De nombreux acteurs locaux se sont engagés pour faire la promotion de messages nutritionnels ou pour développer les activités physiques. Et ce n’est qu’au bout de quelques années qu’on a commencé à se poser la question de l’impact de ce programme sur l’évolution de l’obésité infantile », indique la Pr Romon.
L’examen des données recueillies au fil des ans, a permis de constater que, sur la période 2000 – 2004, le taux de prévalence du surpoids et de l’obésité infantile avait diminué à Fleurbaix et à Laventie alors qu’il avait progressé dans les villes de comparaison. « Cette expérience a d’abord montré qu’une éducation alimentaire, accompagnée par un fort engagement communautaire, était de nature à modifier les comportements alimentaires des familles et avoir une influence sur l’obésité infantile », souligne la Pr Romon, en précisant que ces études Fleurbaix-Laventie ont suscité un large intérêt à l’étranger, notamment en Australie. Elles ont aussi inspiré la mise en place du programme Epode, aujourd’hui conduit au niveau européen.
Les enseignements du programme Fleurbaix-Laventie ont enfin été utiles pour la mise en place de « Vivons en forme », un programme de prévention santé, coordonné par l’association FLVS présidée par la Pr Romon. « Mené dans de nombreuses villes en France, ce programme vise à aider les communes à mettre en place des programmes permettant à tous leurs habitants d’avoir des? comportements favorables à la santé », souligne-t-elle.
D’après un entretien avec la Pr Monique Romon, chef du service de nutrition du CHU de Lille, présidente de l’association FLVS.
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