Les régimes pauvres en glucides ont très peu d'effet sur la perte de poids et le risque cardiovasculaire, selon une revue Cochrane

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Publié le 31/01/2022
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Crédit photo : PHANIE

L'impact réel des régimes pauvres en glucides sur l'obésité et le risque de maladies cardiovasculaires est sujet à polémiques. Pour leur évaluation, les auteurs d'une étude Cochrane ont rassemblé les données de 61 études randomisées comparant des groupes soumis ou non à des régimes pauvres en glucides, chez un total de 6 925 patients en surpoids ou obèses (avec ou sans diabète de type 2) vivant dans des pays à hauts revenus ou en Chine.

Les régimes évalués étaient soit des régimes à faible apport en glucides (50 à 150 g de sucre maximum par jour, soit moins de 45 % des besoins énergétiques) ou à très faible apport en glucides (moins de 50 g par jour), avec quelques études alternant les deux approches. Le régime le plus fréquemment rapporté était une combinaison de faible apport en sucres et d'apport élevé en protéines. Les études sélectionnées devaient en outre porter sur des interventions comportant une phase de réduction du poids d'au moins 2 semaines (la plus longue était de 2 ans), prescrites spécifiquement dans un but d'amaigrissement.

Prévention primaire

Dans leur grande majorité (5 118 patients), les participants ne souffraient pas de diabète de type 2. Leur poids moyen était de 95 kg et les patients diabétiques étaient plus âgés (+ 12 ans en moyenne). Il est important de noter que la population recrutée ne présentait pas davantage de maladies cardiovasculaires que la population générale. En outre, la pression diastolique et le taux de LDL cholestérol étaient dans la norme. Il s'agissait donc de régimes dans le cadre d'une prévention cardiovasculaire primaire.

Qu'ils souffrent ou non de diabète de type 2, les différents groupes ont tous connu une perte de poids très modeste. Chez les participants obèses sans diabète de type 2, un régime faible en glucides était associé à une perte de poids très modérée, de 1,07 kg au bout de 8,6 mois et de 0,93 kg au bout d'un à deux ans. Chez les patients obèses atteints de diabète de type 2, le constat était le même, avec une différence moyenne de 1,26 kg au bout de 8,5 mois de suivi, et de 0,33 kg au bout d’un à deux ans. Par ailleurs, les marqueurs du risque cardiovasculaire (taux de LDL cholestérol ou d'hémoglobine glyquée) n'étaient pas affectés par le recours à un régime pauvre en sucres.

« Il n'y a probablement pas d'amélioration à attendre, qu'il s'agisse du poids ou du risque cardiovasculaire, chez les patients engagés dans un régime faible en hydrate de carbone », résument les auteurs.

Pas d'argument clinique en faveur de ces régimes

« Le grand public dépense beaucoup d'argent pour tenter de perdre du poids à l'aide de régimes, et débat en continu sur leur efficacité et leur sécurité, poursuivent les chercheurs. Nous pensons qu'il est important que nous disposions de données scientifiques sur ce sujet. Il n'existe même pas de définition largement acceptée de ce qu'est un régime faible en hydrates de carbone. »

De tels régimes peuvent prendre des formes variées, mais ils ont en commun de restreindre l'apport en céréales, graines, légumes et autres sources de glucides (certains produits laitiers) et de les remplacer par des aliments riches en protéines (viandes, œufs, fromage, etc.). « Ces régimes font l'objet d'un marketing et d'une publicité intenses », constatent les auteurs, pour qui les données accumulées ne permettent pas de conclure à un quelconque intérêt des régimes faibles en glucides sans veiller à diminuer la quantité totale d'énergie consommée.


Source : lequotidiendumedecin.fr