Risque de cancer du sein

Quel est le rôle prédictif du profilage nutritionnel ?

Par
Publié le 13/03/2017
nutrition et cancer du sein<br /><br />

nutrition et cancer du sein<br /><br />
Crédit photo : Phanie

Lancé en 2009, l’essai prospectif en ligne NUTRINET-SANTE n’en finit pas de faire émerger des liens entre composition de l’alimentation et santé, que ce soit vis-à-vis de l’apparition de démences, de cancers ou d’événements cardiovasculaires. L’un de ces essais, présenté aux Journées Francophones de Nutrition (JFN, Montpellier) [1] a étudié la relation entre cancer du sein et qualité nutritionnelle.

Un lien déjà suspecté ; un tiers des cancers du sein serait évitable par la prévention nutritionnelle chiffrait le World Cancer Research Fund/American Institute of Cancer Research. La condition est de permettre au consommateur d’évaluer aisément la qualité des aliments et d’orienter ses choix en conséquence. Pour cela, un système de profilage nutritionnel dénommé FSA-NPS (Food Standards Agency-Nutrient Profiling System) a été développé au Royaume-Uni et adapté en France. Sur le principe, le FSA-NPS attribue les bons et les mauvais points aux aliments ; les glucides, acides gras saturés, l’énergie et le sodium étant côtés négativement, au contraire des fibres, des protéines et fruits et légumes. Le NURTI-SCORE (système d’étiquetage nutritionnel simplifié sur les emballages) testé actuellement en France s’appuie d’ailleurs sur ce FSA-NPS.

Prédire le risque grâce au score FSA-NPS

À partir de la cohorte de NUTRINET-SANTE, la chercheuse Mélanie Deschasaux de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN, unité 1153 Inserm, U 1123 INRA, Cnam, Université Paris13) a testé l’impact de santé publique du FSA-NPS sur la survenue du cancer du sein. « Le FSA-NPS au niveau individuel s’avère capable de caractériser la qualité nutritionnelle des aliments, résume-t-elle, mais aussi est en mesure de prédire le risque de cancer du sein ».

Dans le détail, 46 864 femmes de la cohorte NUTRINET-SANTE se sont pliées à trois enregistrements alimentaires sur 15 jours tous les six mois. Sur un suivi médian de 4 ans (mai 2009, août 2015), 555 cancers du sein se sont déclarés, pour la grande majorité invasifs (83,6 %), avec un âge moyen au diagnostic de 56,6 ans. Un score FSA-NPS DI élevé, témoignant d’une qualité nutritionnelle médiocre, était corrélé à une incidence augmentée de 52 % de cancer du sein (FSA-NPS DI ≥7,7 [Q5] vs. < 4,1 [Q1]). Parmi les biais inhérents à NUTRINET-Sante, le plus important à prendre en compte est l’inclusion uniquement de volontaires, plus enclins à un comportement « santé ».

Prévenir le cancer du sein par l’alimentation est une chose, adapter ses choix nutritionnels en cas de diagnostic avéré en est une autre. Une étude communiquée aux JFN 2016 (2) évaluait pour sa part l’impact d’un diagnostic de cancer sur l’évolution à long terme de l’alimentation chez des femmes de l’étude E3N (55 223 femmes sondées par questionnaire entre 1993 et 2005). Seules les femmes de statut socio-économique élevé modifiaient favorablement leur alimentation suite à la survenue de cancer mais seule leur consommation en fruits était augmentée.

(1) CO60 ; M. Deschasaux et al. Association entre un score reflétant la qualité globale de l’alimentation (FSA-NPS DI) et le risque de cancer du sein
(2) CO55 ; A. Affret et al. Influence d’un diagnostic de cancer sur l’évolution de l’alimentation, selon le statut socio-économique : résultats de la cohorte E3N

Hélène Joubert

Source : Nutrition