Quel impact sur les consommations ?

Publié le 22/10/2010
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L’augmentation de l’incidence des pathologies liées au mode de vie, et notamment à l’alimentation, telles que l’obésité, souligne le besoin d’une politique publique d’alimentation. Dans ce contexte, les allégations nutritionnelles constituent une source potentielle d’information pour les consommateurs, pouvant les guider dans leurs choix lors de l’achat. Mais en pratique, ces allégations influencent-elles les modes de consommation ? Un travail centré sur les consommations au cours du petit-déjeuner (1) a voulu répondre à deux questions principales : qui consomme les produits allégés et les allégations nutritionnelles atteignent-elles les personnes à risque de santé ? Ces allégations contribuent-elles à un meilleur régime alimentaire ?

Cette étude a été menée à partir des données du panel TNS Worldpanel, qui recense précisément les habitudes d’achats des ménages ainsi que leurs caractéristiques sociodémographiques. Les données recueillies en 2004 portaient sur plus de 4 500 ménages vivant en France.

L’IMC.

Un des premiers enseignements de ce travail est que l’IMC (indice de masse corporelle) a un impact sur la consommation moyenne des produits de petit-déjeuner : produits laitiers – y compris de variété allégée –, pain, céréales et biscuits sont consommés en quantités supérieures par les sujets en surpoids ou obèses, qui sont aussi ceux qui achètent des produits de coût moindre. Les auteurs de ce travail notent l’impact toujours négatif d’un acheteur masculin sur la probabilité d’acheter tous les produits, y compris en version allégée. La présence d’enfants de moins de 14 ans favorise toutes les consommations, sauf pour le lait, le pain et la biscuiterie.

Deuxième donnée : les produits laitiers et les céréales sont les plus sensibles aux variations du budget consacré au petit-déjeuner et des prix. Par exemple, une augmentation du prix de l’Ultra frais nature entraîne une baisse de sa consommation ainsi que de celle de céréales, mais une hausse de celle de desserts frais non allégés. Ce travail a ainsi mis en évidence des relations de complémentarité et de substitution, permettant de distinguer deux sous-ensembles d’aliments. Un premier constitué par des associations de complémentarité entre produits laitiers et céréales. Lorsque le prix des laitiers augmente, leur consommation ainsi que celle des céréales associées diminue. Le second sous-ensemble est celui du groupe biscuiterie-viennoiserie, associé à celui des desserts non allégés. Quand le prix de ces derniers augmente, la consommation de biscuits et viennoiserie diminue.

Par ailleurs, les parts des dépenses consacrées à chaque type de produits sont liées aux caractéristiques sociodémographiques. Ainsi, le lait, les céréales et les biscuits sont consommés par les ménages comportant des enfants, tandis que les ménages adultes consomment plus d’ultra frais nature. Un environnement urbain défavorise la part consacrée au lait, mais est associé à la consommation des produits les plus soutenus par le marketing alimentaire, tels que les céréales de petit-déjeuner, les versions allégées et les desserts non nature. Le niveau de diplôme joue également un rôle : le budget consacré aux ultranatures et aux céréales augmente avec le niveau d’études, tandis que la consommation de biscuiterie et viennoiseries, considérées comme des choix moins sains, diminue.

Les allégations nutritionnelles semblent ainsi remplir assez bien leur rôle d’information et toucher les sujets à risque, puisque les ménages avec des membres en surpoids et obèses tendant à acheter plus de formes allégées. Mais les achats de produits allégés sont très sensibles aux variations de prix et assez sensibles aux variations de budget, ce qui est un facteur limitant l’impact positif des allégations nutritionnelles.

(1) Caillavet, Chaieb, Nichèle, Soler. Les allégations nutritionnelles participent-elles à une amélioration des pratiques alimentaires ? Communication lors des 2es Journées de recherche en sciences sociales INRA, SFER CIRAD, 2008, Lille.

 Dr Isabelle Hoppenot

Source : Nutrition