Le déficit en acides gras oméga-3 dans la rétine est un facteur de risque connu de malvoyance dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Une équipe de chercheurs français (Inrae, Inserm, université Jean-Monnet Saint-Étienne, université de Bordeaux, Iterg et CHU de Dijon-Bourgogne et de Bordeaux) a identifié un biomarqueur sanguin permettant de prédire cette insuffisance, jusque-là impossible à évaluer. Leurs résultats, parus dans « Clinical and Translational Medicine », permettent d'envisager un suivi nutritionnel en prévention de la DMLA.
La DMLA est la principale cause de malvoyance chez les personnes âgées de plus de 50 ans. Les traitements disponibles ralentissent la progression de la forme néovasculaire (ou humide) de la maladie et il n'existe pas de traitement pour la forme atrophique (ou sèche). D'où l'intérêt de développer des approches préventives.
Un repérage précoce des individus à risque
Les acides gras oméga-3 à longue chaîne sont des lipides apportés par l'alimentation, en particulier le poisson. En plus de leur rôle dans la vision au niveau des photorécepteurs, ils ont des fonctions anti-inflammatoires, luttent contre la mort cellulaire et le développement vasculaire dans la rétine. Ils sont donc essentiels pour réduire le risque de DMLA.
L'identification d'un biomarqueur prédictif permettrait de déterminer de manière précoce les individus pour lesquels un suivi nutritionnel avec apport supplémentaire en oméga-3 pourrait être bénéfique, avant même que les examens ophtalmologiques ne détectent la maladie.
Pour cela, les chercheurs ont analysé les rétines et le sang issus de 46 donneurs humains en ayant recours à l'intelligence artificielle (méthode de l'apprentissage automatique). Le biomarqueur obtenu, qui est corrélé à la quantité d’acides gras oméga-3 dans la rétine, repose sur le dosage de sept molécules d’ester de cholestérol.
Un apport en oméga-3 augmente le niveau du biomarqueur
En complément de ces données rétiniennes, deux études de population, l'une sur 62 participants (cohorte des Trois cités) et la seconde sur 110 (étude Limpia), leur ont permis de montrer qu'un taux élevé du biomarqueur est associé à un risque moindre de développer une forme avancée. De plus, la concentration du biomarqueur augmente après une supplémentation en acides gras oméga-3.
L'Inrae et l'Inserm ont d'ores et déjà déposé un brevet pour ce biomarqueur, et les équipes de chercheurs travaillent à une méthode standardisée pour son dosage afin qu'il puisse être pris en compte dans le cadre de l'évaluation du risque de DMLA.
Récemment, une autre étude française parue dans « Nutrients » s'est aussi intéressée au lien entre DMLA et alimentation, démontrant qu'un régime riche en caroténoïdes (lutéine et zéaxanthine) est associé à une réduction du risque de la maladie.
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