Les phénotypes du syndrome d’apnées du sommeil

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Publié le 01/10/2021
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Les patients apnéiques ne sont pas homogènes. De récentes données précisent l’association de phénotypes avec les comorbidités et leur implication dans les réponses au traitement par PPC.
La PPC augmenterait de 39 % les chances de survie

La PPC augmenterait de 39 % les chances de survie
Crédit photo : phanie

Les comorbidités ont une influence importante sur la poursuite du traitement par pression positive continue (PPC) à long terme chez les patients atteints du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). C’est ce qu’a montré l’étude Alaska (1), réalisée à l’initiative de ResMed, à partir d’une analyse des données en vie réelle du Système national des données de santé français (SNDS). 480 000 patients apnéiques nouvellement appareillés par pression positive continue (PPC) ont été inclus (âge moyen 59,3 ± 13,6 ans, 65,4 % d’hommes) et suivis pendant 3 ans. 50,7 % souffraient d’hypertension, 24,4 % de diabète et 4,3 % de BPCO.

Les taux globaux d’interruption du traitement par PPC après 1, 2 et 3 ans étaient respectivement de 23,1 %, 37,1 % et 47,7 %. En analyse multivariée, les patients les plus jeunes ([31-40] ans) présentaient un risque accru d’arrêt de traitement (+ 52 %) tout comme les patients les plus âgés (> 80 ans : + 44 %). Le sexe féminin était également associé à un risque plus élevé d’interruption de la PPC (+ 9 %), la BPCO à un surrisque de 12 % et le diabète de 18 %.

Les patients hypertendus étaient les plus susceptibles de continuer à utiliser la PPC.

Prendre en charge la somnolence diurne excessive

Une autre analyse de l’étude Alaska, présentée par le Pr Jean-Louis Pépin (CHU Grenoble-Alpes), a montré que l’utilisation continue de la PPC était liée à une probabilité de survie supérieure de 39 % sur une période 3 ans (2).

Cette étude souligne à quel point il est essentiel d’identifier les milliers de personnes en France dont l’apnée du sommeil n’est ni diagnostiquée, ni traitée.

« Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil léger (IAH [5-15]) est fréquent et concernerait environ 25 % de la population, a expliqué le Pr Walter McNicholas (Dublin, Irlande). Il ne doit pas être négligé car il peut exister une somnolence diurne excessive et une association avec l’hypertension. » L’analyse des données issues de la cohorte européenne Esada, concernant les patients atteints d’un syndrome d’apnée du sommeil léger avec un phénotype somnolent, a permis d’identifier leurs caractéristiques (3). Par rapport aux patients sans somnolence diurne excessive (SDE), ces patients étaient plus jeunes (51 ans vs 53 ans), avaient un IMC plus élevé (32 vs 30) et il y avait plus de femmes (37 vs 34 %) et plus de diabétiques (12 vs 10 %).

Une autre étude (4) montre que le SAOS léger à modéré, même asymptomatique, serait associé à un risque accru d’hypertension incidente, mais la force de l’association diminue avec l’âge. Ainsi une détection et une intervention précoces sont particulièrement justifiées chez les adultes jeunes et d’âge moyen.

La SDE disparaît en principe sous traitement par PPC bien suivi. D’après les données de la cohorte Esada, la prévalence d’une SDE résiduelle (score sur l’échelle de somnolence d’Epworth, ESS > 10) était de 40 % chez les patients lors de la première visite de suivi à 0-3 mois, puis de 13-19 % lors d’une visite de suivi de 4 mois à 2 ans (5). « La découverte d’une SDE résiduelle chez un patient traité de manière optimale pendant au moins un mois, pourrait justifier, en complément, la prescription de molécules favorisant l’éveil : solriamfetol ou pitolisant, un antagoniste sélectif des récepteurs H3 de l’histamine », a conclu la Pr Maria Bonsignore (Palerme, Italie).

Exergue : Même asymptomatique, le SAOS léger à modéré serait associé à un risque accru d’hypertension incidente, d’autant plus chez les adultes jeunes

Communications des Prs Jean-Louis Pépin (France), Walter Mcnicholas (Irlande), Maria Bonsignore (Italie)

(1) Pépin J-L et al. J. Clin. Med. 2021;10 (5):936

(2) Pépin J-L et al. Late breaking abstract

(3) Bouloukaki I et al. Eur Resp J. 2020;56:2565

(4) Vgontzas A. et al. Sleep2019;42(4)

(5) Bonsignore M et al. Frontiers Neurol 2021

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin