Le recours à l’embolisation dans les hémorragies prostatiques dès la fin des années 1970 a permis de mettre en évidence une réduction du volume de la prostate après embolisation, ce qui a conduit à développer cette approche dans l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Où en est-on en 2017 ?
Un travail randomisé a comparé embolisation artérielle (EAP) et résection transurétrale de prostate (RTUP) sur une cohorte de 114 patients suivis pendant deux ans. Les auteurs ont rapporté une amélioration significative et comparable dans les deux bras, avec un taux d’échec de 9,4 % pour l’EAP (dont 5,2 % d’échecs techniques) et de 3,9 % pour la RTUP. Une autre étude sur 15 EAP et 15 RTUP suivies pendant un an a montré que les deux techniques apportent une amélioration symptomatique comparable, et que la RTUP est associée à de meilleurs résultats hémodynamiques mais plus d’effets indésirables.
Efficacité démontrée
« L’expérience à l’hôpital européen Georges-Pompidou porte sur 160 patients. Le volume prostatique passe de 103,5 ml +/- 50 ml à 76,6 ml +/- 35 ml, la qualité de vie est améliorée », a rapporté le Pr Nicolas Thiounn.
Au total, l’EAP a une efficacité démontrée dans l’HBP, certes moindre que la chirurgie sur les paramètres urodynamiques, mais elle préserve mieux la sexualité (éjaculation). La morbidité apparaît faible, mais on manque de recul. Le travail réalisé par Kuang et al. publié en 2016, portant sur 10 études et un total de 788 patients, montre que les complications majeures sont rares (une infection et une ischémie vésicale), les complications mineures sont à type de rétention aiguë d’urines (7,6 %), dysurie (4,5 %), rectorragies (5,7 %), hématurie (4,95 %), hémospermie (5 %) et infection urinaire (4,3 %).
« Le syndrome postembolisation, associant fébricule, brûlures mictionnelles, pollakiurie intense, et douleurs périnéales, contre lesquelles les antalgiques de palier 1 et 2 ne sont pas toujours efficaces, ne doit pas être oublié, a souligné le Pr Thiounn. Sa survenue serait toutefois un élément pronostique d’efficacité de l’embolisation ».
« Les deux indications principales de l'EAP dans l’HBP sont actuellement le patient âgé avec une HBP symptomatique (rétention) et le patient désireux de préserver sa sexualité et conserver une éjaculation », a conclu le Pr Thiounn.
D'après la communication du Pr Nicolas Thiounn (Paris)
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