Des Français dans la cour des grands

L’imagerie médicale à l’avant-garde

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Publié le 03/10/2016
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Supersonic

Supersonic
Crédit photo : SUPERSONIC

CellVizio

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Crédit photo : CELLVIZIO

« L’imagerie médicale en France a le potentiel pour se hisser au meilleur niveau de la compétition mondiale » : diagnostiquait, fin 2013, le Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques. Et de noter que « le tissu industriel se caractérise par des PME ou TPE […] positionnées sur des marchés de niches ».

C’est par exemple le cas de SuperSonic Imagine, société créée en 2005 à Aix-en-Provence et spécialisée dans l’échographie haute fréquence d’images associée à l’élastométrie. Ancien de chez Philips, l’un des leaders du secteur, son fondateur Jacques Souquet a développé une technologie « inspirée des jeux vidéos, avec des processeurs graphiques de dernière génération, pour une acquisition ultra-rapide des données et une meilleure spécification des lésions ». Baptisé Aixplorer, son échographe a bénéficié des recherches menées par le physicien Mathias Fink. Une illustration des partenariats scientifiques noués par l’industrie et du transfert de technologie à l’œuvre dans l’Hexagone.

Basée en Loire-Atlantique, la société Lemer Pax collabore de son côté avec l’Institut des Matériaux de Nantes et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA Tech), ainsi qu’avec des établissements de santé, pour la mise au point de nouveaux matériaux et procédés. Un réseau vertueux, gage d’innovation. Spécialisée dans la radioprotection, l’entreprise a été distinguée par l’INPI et Siemens (un autre géant de l’imagerie), pour son Posijet, la première unité mobile de fractionnement et d’injection de radiotraceurs haute énergie en médecine nucléaire.

Keosys, l’un de ses partenaires industriels au sein du consortium Isotop4life, met son expertise historique en matière d’informatique et de télécommunication, au service de la médecine nucléaire et de la radiologie, avec des applications logicielles en routine et en essais cliniques. Ce dernier champ constituant un axe de développement stratégique pour la société, désormais implantée aux États-Unis et à Singapour.

Endomicroscopie

L’international, c’est également le fer de lance de nombreuses entreprises tricolores, à l’instar de Mauna Kea Technologies ou EOS imaging. Forte de 35 distributeurs à travers le monde, la première a conçu un système d’endomicroscopie générant des biopsies optiques en temps réel, le Cellvizio. Pionnière de la radiographie orthopédique 2D/3D, la seconde commercialise dans plus de 50 pays sa technologie EOS, offrant une vision complète du squelette du patient en position debout, tout en réduisant son exposition aux rayons X. Avec 80 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’export, la société DMS et ses divisions Apelem et AXS se distinguent, elles, sur le front de la radiologie, avec leur table télécommandée Platinum, et de l’optique, avec leur station d’examen clinique 3D Biomod. Quant au groupe Guerbet, il a renforcé sa position sur les produits de contraste et les systèmes d’injection, suite au rachat d’une partie de l’activité de l’Américain Mallinckrodt en 2015.

Au total, l’imagerie fédère actuellement 250 entreprises et 40 000 emplois en France. Un secteur encore dynamisé par l’entrée de start-up, comme Therapixel, inventeur d’un logiciel d’imagerie médicale en bloc opératoire commandé à distance par des capteurs de mouvements, ou Damae Medical, dont l’équipe a développé une nouvelle approche de la tomographie par cohérence optique, capable de visualiser un tissu jusqu’à 1 mm de profondeur, pour une détection précoce et non-invasive des tumeurs de la peau. Parmi elles figurent peut-être les futurs champions de l’imagerie de demain.

Barbara Guicheteau

Source : Le Quotidien du médecin: 9522