UN JOUR DE CONFIDENCE, à Carla, siège de son groupe dans le Tarn, Pierre Fabre racontait comment l’idée de créer sa fondation lui était venue : « J’étais dans les années 1980 en voyage au Nigéria, avec mon ami Jean-Baptiste Doumeng, surnommé le milliardaire rouge. À Lagos, la capitale, nous avions assisté sur un marché à une séance de vaccination organisée par la mafia locale, avec de l’eau distillée en guise de principe actif. Face à ce système qui prive les pays émergents de l’accès aux médicaments essentiels, alors que sévissent les pandémies, j’ai décidé de partir en guerre contre les corrompus et les corrupteurs, en créant la fondation. » Une fondation qui porte son nom, détentrice de 65 % du capital du groupe depuis 2008, dotée non d’un statut de fondation d’entreprise, mais reconnue d’utilité publique, pour, insistait son président, traçant de ses mains jointes une ligne verticale, marquer sa « volonté de dissocier les activités humanitaires de celles des laboratoires ». À ce jour, la FPF a engagé des budgets pour un montant total de 11,2 millions d’euros.
La faculté de pharmacie de Phnom Penh.
« Alors que beaucoup d’ONG traitent la problématique du médicament dans les pays du Sud par la seule approche des approvisionnements, la Fondation Pierre Fabre, explique le Pr Jean Cros, son conseiller scientifique, juge indispensable de soutenir une politique pharmaceutique globale, du médicament au patient. Cela passe d’abord par l’enseignement universitaire pharmaceutique. » Inaugurée en 2003, la faculté de pharmacie de Phnom Penh, conçue en concertation avec le gouvernement cambodgien, mais aussi avec des appuis universitaires français (Marseille 2 Méditerranée et Toulouse 3 Paul Sabatier), illustre cette stratégie de transfert de connaissances qui a permis à une dizaine de docteurs PhD de devenir enseignants. Dans la foulée, la FPF a réhabilité la faculté de Ventiane, au Laos (rénovation des locaux, formation des formateurs, financement de matériel pédagogique et scientifique) ; au Vietnam, elle a contribué à la création d’un master à l’université de pharmacie d’Hanoï. À Madagascar, elle a aidé à la création de l’enseignement pharmaceutique à l’université d’Antananarivo et au Togo, la FPF a réhabilité les locaux et formé les formateurs de la faculté de médecine et de pharmacie de Lomé.
Recherche sur la drépanocytose.
En Afrique également, la fondation s’est investie dans la recherche et la prise en charge d’une maladie longtemps ignorée, voire méprisée, la dépranocytose, affection charnière entre les maladies transmissibles (bactériennes, virales, paristaires, mycosiques) et les maladies non transmissibles (cancer, diabète, caridopathies). Implanté à Bamako, le premier centre de référence spécialement dédié à cette pathologie , en dépit des événements qui secouent le Mali, est devenu en deux ans, constate le Pr Marc Gentilini, ex président de la Croix Rouge française, « un phare pour la recherche, les soins, la formation et la prévention de cette affection, qui permet d’espérer atteindre dans un délai plus ou moins proche, la maîtrise de l’anomalie génétique à l’origine de ce désordre hématologique ».
Et, comme le souligne le Pr Gil Tchernia, « si les foyers principaux de la maladie sont dans les pays du Sud, l’intérêt de la lutte contre ce fléau sanitaire est mondial, y compris en France où la drépanocytose est la maladie génétique la plus fréquente, avec 450 naissances annuelles d’enfants porteurs du gène de la maladie, la majorité en Ile-de-France. »
Les retombées des engagements de la Fondation sont aussi internes, pour le groupe Pierre Fabre lui-même : elles préservent son indépendance et son identité, comme s’en félicitait par avance son fondateur. Cette position capitalistique ne détourne en rien la FPF de son objectif humanitaire premier et, statutairement, la fondation, héritière humanitaire, n’a pas capacité à s’immiscer dans la gestion opérationnelle de Pierre Fabre.
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