Nouvelles régions, budget, virage ambulatoire

La directrice de l’ARS Rhône-Alpes lève le voile

Publié le 22/10/2015
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Il n’est pas si fréquent qu’un patron d’ARS explique ses priorités et ses défis. Véronique Wallon, directrice générale de l’ARS Rhône-Alpes, s’est plié à cet exercice.

La réforme territoriale est un enjeu majeur dans un contexte d’économies. « La fusion entre les agences régionales de santé de Rhône-Alpes et d’Auvergne devrait être effective au 1er janvier 2016 », affirme-t-elle. Cette fusion « s’effectuera à effectifs constants », la mobilité géographique des personnels se fera sur la base du volontariat. Interrogée sur la difficulté d’intégrer deux régions très inégales en termes de population et de besoins de santé, elle nuance : « Les disparités entre Auvergne et Rhône-Alpes ne sont pas plus importantes qu’à l’intérieur même de Rhône-Alpes, par exemple entre Drôme/Ardèche et le centre de Lyon. Le sujet, c’est la réduction des inégalités d’accès aux soins qui englobe l’accessibilité et la qualité des soins ».

Contenir des dépenses qui augmentent

Comment gérer la contrainte financière permanente ? En ne perdant pas de vue les objectifs prioritaires. « La dépense est une chose mais la première finalité c’est l’accessibilité des soins et leur qualité, insiste-t-elle. L’argent que nous dépensons est un levier pour y parvenir ». Ainsi, l’engagement de François Hollande d’être à moins d’une demi-heure d’un service d’urgence « est un objectif de performance de soins et pas un objectif financier ».

La région Rhône-Alpes bénéficie d’un budget santé global de 18 milliards d’euros. « Nous essayons de ralentir la progression des dépenses de santé mais elles ne cessent d’augmenter », cadre Patrick Vandenbergh, directeur de la stratégie et des projets à l’ARS. L’agence ne régule toutefois qu’une petite partie de ces 18 milliards de crédits (4 à 5 milliards d’euros environ car 8 concernent la médecine de ville et sont gérés par l’assurance-maladie et 6 milliards relèvent de la T2A et des tarifs fixés nationalement). Rhône-Alpes représente 9,37 % des dépenses nationales de santé, soit un peu plus de la moitié des dépenses de l’Ile-de-France, mais quatre fois plus que les dépenses d’Auvergne.

Des discussions qui peuvent être difficiles

La réussite du virage de l’ambulatoire est une autre exigence avec l’objectif national d’une opération sur deux sans hospitalisation à l’horizon 2016. Le taux de chirurgie ambulatoire en Rhône-Alpes est de 44 %... Des efforts seront réclamés localement. « Il y a 104 places de chirurgie ambulatoire aux Hospices civils de Lyon (HCL), dont 29 à Lyon Sud, illustre Patrick Vandenbergh. Ils vont prendre le tournant de l’ambulatoire mais il faudra du temps ». Les HCL se sont engagés pour 2017 sur un taux d’ambulatoire de 36 %. Véronique Wallon compte demander davantage (48 %). « Quand les établissements tiennent leurs objectifs, ils ont toutes les marges d’action, mais quand ils ne les tiennent pas, il y a des discussions qui peuvent être difficiles », conclut-elle.

De notre correspondante Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du Médecin: 9443