Les Français négligent trop souvent leurs vaccinations

Publié le 26/04/2012
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SI LA QUASI disparition en France de maladies comme la diphtérie ou la poliomyélite reflète bien le succès de la politique de vaccination, l’épidémie actuelle de rougeole ou encore le déplacement de l’âge de la coqueluche témoignent également de l’insuffisance de la couverture vaccinale. Même la diphtérie dont on dénombrait 45 000 cas en 1950 et plus aucun cas entre 1990 et 2001, est en recrudescence depuis 2002 du fait de « cas importés » et d’une couverture vaccinale insuffisante chez les plus de 50 ans.

Pour la vaccination rougeole-oreillons-rubéole, le taux de couverture pour deux doses à 2 ans (58 %) est très alarmant dans le contexte épidémique actuel. La coqueluche n’est plus seulement aujourd’hui une maladie pédiatrique. Les adolescents et les adultes sont actuellement les premiers contaminateurs des petits nourrissons trop jeunes pour être vaccinés. Ni la vaccination, ni la maladie ne procurant d’immunité définitive (la durée de protection est de 8 à 15 ans), il est possible d’être infecté à tout âge et plusieurs fois dans la vie. Les rappels vaccinaux sont donc nécessaires pour diminuer l’incidence de la maladie et protéger les petits nourrissons exposés aux formes sévères. Un rappel de vaccin DTcaP est aujourd’hui recommandé chez les adultes qui n’ont pas eu de vaccin coqueluche depuis plus de dix ans. Chez le nourrisson, il est essentiel de débuter la vaccination dès l’âge de 2 mois conformément aux recommandations.

Impliquer et motiver les médecins.

Les méningites à méningocoques dont on recense environ 700 cas par an sont liées essentiellement en France au méningocoque B (2/3 des cas) et au C (1/4 des cas). Depuis 2009, une vaccination systématique contre le méningocoque C, en une seule dose, est recommandée à partir de l’âge 12 mois et jusqu’à l’âge de 24 ans. Pour ce vaccin également, la couverture vaccinale reste insuffisante : 46 % pour les enfants nés en 2009 et moins de 10 % pour les adolescents nés avant 1998. Deux vaccins contre le méningocoque B sont actuellement en cours de développement. La vaccination hépatite B qui a fait l’objet pendant plusieurs années en France de nombreuses polémiques voit sa couverture progresser chez les nourrissons, de façon particulièrement nette depuis le remboursement du vaccin hexavalent (82 % pour au moins une dose et 72 % pour la vaccination complète en 2011) ; la vaccination reste en revanche très insuffisante chez les adolescents avec un taux de couverture de 49,7 % loin donc de l’objectif de 75 %.

Quant à la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), recommandée pour toutes les jeunes filles à l’âge de 14 ans avec un rattrapage jusqu’à 23 ans (avant la première relation sexuelle ou dans l’année suivant celle-ci), elle ne concerne effectivement que 39 % d’entre elles pour une dose, 20 % pour le schéma complet à 3 doses.

Comment aujourd’hui améliorer la couverture vaccinale en France ? « Par une politique volontariste, courageuse, disposant de moyens humains et matériels suffisants, dans un climat vaccinal apaisé », plaide le Pr François Denis. En pratique, par l’information du public sur les maladies, le risque de contamination à l’heure où l’on voyage de plus en plus, par l’éducation des enfants et des adolescents, la formation des médecins au cours de leurs études (3 heures seulement consacrées à la vaccinologie) et après. Car les médecins généralistes ont un rôle primordial à jouer dans l’amélioration de la couverture vaccinale en informant leurs patients et en proposant les vaccinations chaque fois que nécessaire. L’expérience de campagnes de vaccination en atteste, souligne le Pr Denis : chaque fois que l’on a motivé et impliqué les médecins généralistes, qu’on leur a laissé la place qui est la leur, les résultats ont été excellents.

Le prochain calendrier vaccinal sera publié à l’occasion de la semaine européenne de la vaccination qui aura lieu du 21 au 27 avril 2012

Conférence de presse du Leem avec la participation de Nicole Guiso (Institut Pasteur), Muhamed-Kheir Taha (Institut Pasteur) et François Denis (CHU de Limoges)

 Dr HéLÈNE COLLIGNON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9120